L’imam salafiste Khamis Mejri, qui s’est souvent illustré par ses positions religieuses extrémistes, estime que les attentats terroristes en Tunisie sont une machination qui vise à diaboliser l’islam.
Dans un entretien avec Shems FM, Khamis Mejri a estimé que la décision du ministère de l’Intérieur de renforcer le contrôle sécuritaire des personnes portants le niqab dans les lieux publics est un «retournement contre la religion». Il a même parlé de «coup d’Etat», confondant ainsi allègrement religion et Etat, comme le font souvent les islamistes, qu’ils soient modérés ou extrémistes. Ceux qui portent des cravates pourraient être plus dangereux que ceux (ou celles) qui portent des niqab, a-t-il ajouté, sur un ton moqueur. «Ben Ali portait de très belles cravates, mais il était un bourreau et un terroriste», a-t-il dit. Et de s’exclamer: «Que veulent-ils? Que les gens se promènent nus?», laissant ainsi entendre que les femmes qui ne portent pas le niqab sont... des femmes nues! Pour Khamis Mejri, le présumé assassin de Chokri Belaïd, Kamel Gadhgadhi, qui a été tué au début du mois à Raoued, au nord de Tunis, dans des affrontements avec les forces de l’ordre, est innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu’à preuve du contraire. «On continue d’étiqueter les gens. Tant que la justice ne s’est pas exprimée, Kamel Gadhgadhi reste innocent. Et comme il a été tué, je prie Dieu pour qu’il lui offre sa miséricorde», a dit Khamis Mejri. Par ailleurs, l’imam ne croit pas tout ce que dit le ministère de l’Intérieur, parce qu’«il est capable de tout». Et pour le prouver, il revient sur son propre passé: «Moi je sais de quoi ils sont capables. Ils m’ont sodomisé avec des bâtons et m’ont fait asseoir sur des bouteilles pour que j’avoue leur accusation mensongère, celle d’avoir voulu tuer Ben Ali. Alors, je ne leur fait pas confiance», a-t-il précisé. L’imam est persuadé qu’il y a, aujourd’hui, en Tunisie, une campagne contre la religion et qui vise à faire taire la voix de dieu. Il estime que les policiers ne sont pas, à proprement parler, des «taghout», c’est-à-dire des gens qui s’opposent à l’application de la charia (loi divine), «mais ils aident le taghout dans son combat contre la religion», a-t-il dit. Bien sûr, l’imam n’a pas le courage de nommer ceux qu’il qualifie de «taghout», ces «ennemis de l’islam» qui «manoeuvrent pour empêcher l’application de la charia» et qui seraient, selon lui, les auteurs des attentats terroristes en Tunisie, et non pas Gadhgadhi et ses «frères» obscurantistes... Y. N. M. Illustration: Le président provisoire de la république, Moncef Marzouki, candidat à sa propre succession, brasse large et ouvre ses bras aux extrémistes religieux, comme Khamis Mejri. |