Ahmed Néjib Chebbi, après un demi-siècle de louables services rendus au combat pour la démocratie, garde toujours une conviction totale que la Tunisie a besoin de lui. Pour lui, la course au Palais de Carthage sera très longue.
En déplacement à Paris, Ahmed Néjib Chebbi, le président d’Al-Jomhouri, a accordé une interview à la radio publique française France Inter, diffusée mardi matin, dans laquelle il a notamment parlé des raisons qui ont poussé Ennahdha à faire machine arrière sur son projet d’islamisation de la Tunisie et l’état de santé désastreux de l’économie tunisienne. Tout en faisant appel au soutien de la France, il a insisté sur l’absolue nécessité pour la Tunisie de rembourser ses dettes et d’assumer ses engagements envers ses partenaires. M. Chebbi a évoqué aussi, on l’imagine, sa longue expérience politique et ce qu’il considère son sens du devoir national qui lui dictent une très probable candidature aux prochaines présidentielles. Reste à savoir si cette détermination, personnelle – certains diraient égocentrique – va pouvoir susciter l’enthousiasme mobilisateur auprès de l’électorat. Les sondages d’opinion ne donnent pas pour le moment M. Chebbi parmi les présidentiables. La course au Palais de Carthage sera, sans aucun doute, longue pour M. Chebbi, pour plusieurs raisons: il aura à remettre sur pieds un parti Al-Jomhouri plus qu’usé. Il aura, lui-même «l’éternel arrondisseur d’angles», à montrer plus de grinta et à être plus tranchant pour mettre en valeur ce qui le distingue d’un «imbattable» Béji Caïd Essebsi, par exemple, entre autres grosses pointures de l’opposition. Il doit aussi montrer plus de distance vis-à-vis d’Ennahdha, ses louvoiements et constants appels du pied en direction du parti islamiste ont souvent brouillé son image auprès du public. Pire encore : il ne semble pas en avoir pris conscience. Moncef Dhambri |