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Le leader de Nida Tounes Beji Caïd Essebsi a juré sur l'honneur qu'il défendra la cause de Houda, veuve de Lotfi Nagdh, assassiné en 2012 à Tataouine (sud) par les partisans d'Ennahdha et du CpR.

Par Zohra Abid

Selon les responsables de Nida Tounes, Ennahdha et son satellite, le Congrès pour la république (CpR), mobilisent leurs troupes et font pression sur la justice pour qu'elle libère les tueurs de Lotfi Nagdh, président de l'Union régionale des agriculteurs et représentant de Nida Tounes à Tataouine. Ce dernier, rappelons-le, avait été lynché à mort, le 18 octobre 2012, dans cette ville du sud, des membres des Ligues de la protection de la révolution (LPR), milices violentes dont les membres appartiennent aux partis Ennahdha et le CpR.

Houda Nagdh, veuve de la victime, s'est déplacée, vendredi, à Tunis pour crier sa douleur et demander l'aide de Béji Caïd Essebsi et des dirigeants de Nida Tounes pour que les tueurs de son époux soient jugés et aient les sanctions sévères qu'ils méritent.

Le leader de Nida Tounes l'a tranquillisée et a juré sur l'honneur et devant Dieu qu'il considère l'affaire comme la sienne et qu'il ne la lâchera jamais, ni elle ni ses petits. Il a aussi souligné sa confiance dans la justice et dans le nouveau gouvernement.
«Je ne peux qu'être optimiste et je soutiens les syndicats de la police qui ont porté plainte contre Imed Dghij pour ses menaces de mort et ses appels à la violence et je fais confiance à gouvernement qui veillera à ce que les jugements soient équitables», a-t-il dit.

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Houda Nagdh subit des pressions de la part d'Ennahdha et du CpR pour abandonner l'affaire, mais elle tient bon. 

«Malgré les pressions sur la famille Nagdh et sur l'opinion publique, nous gardons confiance en la justice. Cette affaire est la nôtre», a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse au siège de Nida Tounes, aux Berges du Lac.

Ces déclarations semblent avoir rasséréné Houda Nagdh, qui n'a encore pas fait son deuil, tant que les criminels n'ont pas été jugés. «Ce qui me tue, c'est que des partis sont en train de faire campagne pour la libération des assassins de mon défunt mari. Malgré les preuves accablantes apportées par l'autopsie, ils cherchent par tous moyens à innocenter les assassins. Je ne pourrai jamais chasser de mon esprit les images des entailles sur le corps de Lotfi», a dit Houda Nagdh.

On ne libère pas un assassin

«C'est inadmissible. On ne libère jamais des meurtriers, quelles que soient les pressions», a lancé Me Abada Kefi, avocat de Mme Nagdh. «Cette pauvre dame a perdu son mari. On fait pression sur elle pour lâcher l'affaire. Mais non, il faut qu'elle résiste; elle n'a pas le choix; et tant que la justice n'a pas rendu son verdict, elle ne fera jamais son deuil», a-t-il ajouté.

Ridha Belhaj, directeur exécutif de Nida Tounes, n'arrive pas, lui aussi, à imaginer que des gens puissent se mobiliser pour défendre des assassins. «Ces Ligues de la protection de la révolution multiplient les pressions pour demander la libération de leurs partisans. Il n'en est pas question, car ce sont des tueurs et ils doivent être jugés et condamnés. Car il y a des preuves tangibles et l'assassinat était bien prémédité», a dit M. Belhaj.

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Me Abada Kefi: «On ne libère jamais des meurtriers, quelles que soient les pressions».

Depuis leur incarcération, en novembre 2012, les présumés assassins de Lotfi Nagdh, ont reçu, dans leur prison, plusieurs dirigeants d'Ennnahdha, dont le président du bloc nahdhaoui à l'Assemblée nationale constituante (ANC), Sahbi Atig, qui leur ont promis une libération imminente. Comme s'ils avaient la justice sous leurs ordres!

En attendant le procès, la vie pour Houda Nagdh est devenue intenable à Tataouine. Les partisans d'Ennahdha, du CpR et d'autres partis font pression sur elle pour qu'elle laisse tomber. Il y a quelques mois, elle a été contrainte de prendre ses bagages et ses petits pour aller vivre à Djerba, loin de la scène du crime et de ceux qui ont rendu sa vie infernale.