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Les islamistes ne cachent plus leur agacement face à la détermination du nouveau chef du gouvernement à respecter les exigences de la feuille de route. Et ils le font savoir. Mehdi Jomaâ est désormais dans leur collimateur...

Par Moncef Dhambri

Tout se passe, dans notre pays, selon un plan déstabilisateur bien étudié qui, un mois tout juste depuis la prise de fonction de Mehdi Jomaâ, indique chaque jour encore plus clairement qu'Ennahdha et ses alliés n'ont nullement l'intention d'accorder le moindre répit au gouvernement indépendant qui a succédé à la Troïka 2 d'Ali Larayedh.

Les comploteurs islamistes et leurs acolytes semblent dire qu'ils ne permettront jamais à l'équipe de technocrates qui est aujourd'hui aux commandes de réussir là où les deux gouvernements dirigés par les islamistes ont le plus honteusement échoué.

L'étau se resserre sur Ennahdha

La Tunisie peut courir à sa ruine. Cela importe peu aux disciples du machiavélique Rached Ghannouchi. Nos trésoreries ne sont plus très loin de la panne sèche totale. Les Nahdhaouis, qui ont mené les affaires du pays pendant plus de deux ans, ne feront jamais l'aveu de leur incompétence, leur ignorance et leur malhonnêteté. La feuille de route du Dialogue national a fixé des étapes et une ligne de conduite bien nettes et contraignantes. Ennahdha, qui a apposé sa signature à ce document, «découvre» à présent que cet agenda consensuel comporte, outre cette formalité du départ du gouvernement, d'autres obligations qui conditionnent la tenue d'élections démocratiques, libres et justes, avant la fin de cette année.

Cette «prise de conscience» nahdhaouie a eu l'effet d'un étau qui se resserre sur les dirigeants de Montplaisir. La certitude que, dans les jours à venir, Ennahdha perdra d'autres manches dans la partie politique qui se joue en Tunisie depuis l'assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier, se confirme chaque jour encore plus.

En effet, la feuille de route du Dialogue national dicte la révision des nominations partisanes et la dissolution des Ligues pour la protection de la Révolution (LPR). Certes, cette opération de nettoyage de l'administration et des rouages du pays que Mehdi Jomaâ s'est engagé à mener ne sera peut-être jamais d'une netteté complète, mais elle fera certainement perdre aux islamistes des centaines de positions d'influence importantes, enterrera officiellement leurs milices violentes, les fameuses LPR, et jettera en prison leurs dirigeants anarcho-islamistes, les Imed Dghij et consorts.

Ennahdha réalise donc que, malgré son organisation et sa discipline staliniennes, malgré les efforts qu'il a entrepris pour tout cadenasser avant son départ de la Kasbah, les choses lui échappent et lui échapperont encore plus. Il devient de plus en plus évident que M. Jomaâ, par conviction ou cédant à la pression du Quartet, de l'opposition et de la société civile, donnera la preuve qu'il compte bien appliquer l'esprit et la lettre de la feuille de route.

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En recevant, mercredi, les membres du Quartet du Dialogue national, Mehdi Jomaâ a réitéré sa détermination à mettre en oeuvre les exigences de la feuille de route.

Le succès de l'offensive anti-terroriste

Sur le terrain sécuritaire, les résultats concrets ne trompent pas. En un temps record, des têtes terroristes (présumées ou pas, peu importe!) sont tombées. Les opérations du ministère de l'Intérieur peuvent ne pas convaincre totalement, mais des ennemis publics de premier ordre ont trouvé la mort, comme Kamel Gadhgadhi, et d'autres ont été mis sous les verrous et attendent d'être jugés, comme Ahmed Melki, alias Le Somalien.

Cette offensive anti-terroriste, parce qu'elle est nettement plus efficace que ce qu'elle n'a été jusqu'ici et qu'elle donne à croire qu'elle enregistrera d'autres succès aux dépens du djihadisme, semble sérieusement inquiéter les Nahdhaouis.

La nouvelle détermination qui anime le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, à répondre aux «enfants de Ghannouchi» par la force des armes et les arrestations fait redouter à Ennahdha que toute la vérité sera bientôt faite sur ses lisaisons douteuses avec les terroristes et sa complicité avec les Ansar Charia et leur chef Abou Iyadh. Si la justice suit son cours normal, l'implication de certains hauts responsables d'Ennahdha dans cette affaire du terrorisme post-révolutionnaire risque aussi d'être prouvée. Ce jour-là, c'en sera fini de la crédibilité des «islamo-démocrates»: le monde connaîtra leur duplicité et une certaine crédulité électorale, qui leur a accordé plus de 40% des sièges de l'Assemblée nationale constituante (ANC) le 23 octobre 2011, découvrira enfin leur trahison du 14 janvier.

La panique des dirigeants nahdhaouis

Affolés par cette pression qui monte et sentant que le jour de leur «nudité» se rapproche, les Nahdhaouis commettent des erreurs les unes après les autres.

Hier, par exemple, la réaction des dirigeants d'Ennahdha à l'arrestation de Imed Dghij, chef de la section du Kram des LPR, ne laissait plus aucun doute sur cette panique des islamistes. Un communiqué officiel du mouvement, signé par le membre du bureau politique Ameur Larayedh, a appellé à l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de cette arrestation de M. Dghij et souligné que la dignité des citoyens doit être préservée dans tous les contextes et dans le respect de la nouvelle constitution. Et si les forces de l'ordre n'ont pas «décodé» comme il se doit ce message nahdhaoui, jeudi, 25 constituants (d'Ennahdha, du CpR et du parti Wafa), menés par la vice-présidente nahdhaouie de l'ANC Maherzia Laâbidi, se sont déplacés au ministère de l'Intérieur pour s'entretenir avec M. Ben Jeddou sur l'arrestation d'un homme qui doit répondre dans au moins quatre affaires judiciaires.

Pareils gestes, et autres manœuvres indiscrètes ou lobbying maladroit, servent, en définitive, de mises en garde dont le destinataire principal est M. Jomaâ. Le mouvement islamiste semble clairement rappeler cette règle du jeu, ainsi qu'elle a été définie par le Gourou de Montplaisir lui-même, selon laquelle «Ennahdha quitte le gouvernement et non pas le pouvoir».

Le successeur d'Ali Laarayedh est donc sommé de servir, lui et son équipe de brillants technocrates, de «bouche trou», de gérer les quelques affaires courantes qu'il pourra et, préférablement, de limiter sa tâche à la préparation des prochaines élections présidentielle et législatives.

L'opposition d'Ennahdha à la réussite du gouvernement de Mehdi Jomaâ et son refus de respecter les termes de la feuille de route du Dialogue national se préciseront encore plus dans les jours et les semaines à venir. Ils deviendront frontaux car, de toute évidence, l'ancien ministre de l'Industrie a l'intention de voler de ses propres ailes et de remplir pleinement son contrat de sauvetage du pays.

Même si, en un court mois, il reste difficile de dresser un bilan de l'action du gouvernement de M. Jomaâ, l'homme et son équipe ont amplement rassuré l'opinion publique nationale et redonné confiance à nos partenaires en nos chances de réussite.

Mehdi Jomaâ a déjà rencontré nos frères proches algérien et marocain, a reçu M. François Hollande et pris un rendez-vous officiel avec l'ami lointain des Etats-Unis, Barack Obama...

Les démocrates, les modernistes, les progressistes et autres opposants au projet d'islamisation de la Tunisie, devront très vite choisir leur camp: soutenir Mehdi Jomaâ, et donc déjouer les desseins nahdhaouis, ou chercher à faire valoir leurs petits programmes partisans, et donc laisser passer une chance sérieuse de faire table rase de ce que Ennahdha et ses associés de la Troïka ont tenté d'établir dans le pays, pendant les deux ou trois dernières années.