destouriens 3 3Les Destouriens et Rcdistes, rescapés de l’ancien régime, n’ont pas abdiqué. Au contraire. Car si des voix s’élèvent pour exiger leur exclusion du champ politique tunisien, ils n’en continuent pas moins de s’activer pour y revenir en force.

Quatre partis destouriens se sont ainsi réunis, dimanche à Tunis, pour examiner leur position sur la scène politique nationale et étudier les moyens de créer «une forte coalition» qui donne le signal de leur «retour».

Etaient présents à la réunion, notamment, Rachid Sfar et Hamed Karoui, tous deux anciens Premiers ministres, Mohamed Jegham, ancien ministre de la Défense, Abderrahim Zouari, ancien ministre des Transports, Chedly Naffati, ancien ministre de l’Intérieur, Mohamed Sahbi Basly, ancien ambassadeur en Espagne et en Chine, et bien d’autres.

Cap sur les prochaines élections

Les représentants des quatre partis, dont une majorité d'anciens hauts responsables du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, ancien parti au pouvoir dissous), ont choisi de commémorer ensemble, à Tunis, le 80e anniversaire du congrès de Ksar Helal, qui a vu la création du Néo-Destour par le leader nationaliste Habib Bourguiba, le 2 mars 1934.

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 Hamed Karoui joue au rassembleur des Destouriens.

Hamed Karoui, l’ancien Premier ministre de Ben Ali et actuel président du Mouvement destourien, a critiqué avec des mots fermes l'article 15 de la loi électorale qui avait interdit aux anciens constitutionnels démocrates, le parti de l'ex-président Ben Ali, de se porter candidats aux élections de l’Assemblée constituante, le 23 octobre 2011.

«Le temps est venu pour un retour des Destouriens libres avec plus de force et de fermeté», a lancé M. Karoui, estimant que ces derniers «seront présents dans le prochain parlement et dans toutes les institutions de l'Etat».

M. Karoui a assuré que son parti, que certains ont qualifié de «mort-né», dispose d'une représentativité sur tout le territoire et qu'il se prépare activement à participer aux prochaines échéances électorales.

Les Destouriens évaluent leur potentiel électoral entre 800.000 voire un million de voix, soit près d'un quart des 5 millions d’électeurs potentiels.

Le legs de Bourguiba

Pour Mohamed Jegham, ancien ministre du Tourisme, de l’Intérieur et de la Défense sous Ben Ali et actuel président du parti Al-Watan, la Tunisie continue de s'inspirer, aujourd'hui, du leader disparu Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante, estimant que les Destouriens assument la responsabilité de sortir le pays de la situation difficile où il se trouve.

Sami Chabrek, président du parti Alliqa’ Al-Destouri (Rencontre destourienne), a fait un diagnostic alarmiste de la présence des Destouriens sur la scène politique, avant de proposer la création d'une coalition constituée des quatre partis présents à la réunion. Il a aussi demandé la mise en place d'une commission des consensus politiques en vue d'annoncer, vers la fin mars, la création d'un nouveau parti.

Ahmed Mansour, président du Néo-Destour, a opposé, pour sa part, un refus catégorique au modèle de société que certaines parties cherchent à imposer aux Tunisiens, par allusion aux islamistes, appelant à soutenir le gouvernement de Mehdi Jomaa «pour qu’il puisse remettre le pays sur les rails», a-t-il dit.

Plusieurs réunions ont été tenues entre les hauts responsables du RCD en vue de fédérer leurs forces sur la scène politique. La dernière en date s'est tenue, il y a une semaine, à Hammamet, qui a annoncé la tenue, à la mi-mars, d’une conférence pour faire le point du chemin effectué par les partis destouriens sur la voie de l’unification.

Un comité restreint a aussi été chargé d'entreprendre des démarches auprès des dirigeants des partis se réclamant d'un référentiel destourien pour  décider de fusionner en un seul parti ou intégrer l'un des partis destouriens existants.

I. B. (avec Tap).