Le porte-parole de la présidence provisoire de la république avait indiqué au journal jordanien ‘‘Addustour’’ que Mohamed Bouazizi (le vendeur ambulant qui s’était immolé par le feu, le 17 décembre 2010, provoquant par ce geste de désespoir les émeutes ayant abouti à la chute de l’ancien régime) était «l’auteur d’une injustice et non la victime», ajoutant que «sa famille tire profit de la révolution, moyennant voyages et invitations chez des émirs».

M. Mansar a même affirmé que «la mère de Bouazizi a abandonné son village après s’être acheté une belle villa dans la banlieue chic de la capitale», ce qui est un mensonge absolu, sachant que Mme Bouazizi vit dans une modeste maison.

Parti dans ses affabulations, que rien ne semblait pouvoir arrêter, comme s’il avait des comptes à régler avec son passé d’universitaire complaisant avec le régime de Ben Ali, M. Mansar a cru devoir aussi remettre en question le militantisme et les sacrifices des habitants de Sidi Bouzid.

«La flamme de la révolution n’a jamais pris à Sidi Bouzid», a-t-il indiqué au journal jordanien, soulignant les sacrifices du bassin minier de Gafsa et du nombre de morts à Kasserine.

Avec ses manières de fanfaron, il aurait pu aller jusqu’à s’attribuer lui-même l’acte héroïque d’avoir chassé Ben Ali du Palais de Carthage.

Ali Khouli, dirigeant du Front Populaire à Sidi Bouzid, a déclaré que «les affirmations de M. Mansar sont une offense et un manque de respect pour la région, pour la révolution de la dignité et pour toute la Tunisie, et qu’il sera poursuivi en justice pour diffamation.»

Le frère de Mohamed Bouazizi a invité, pour sa part, Adnene Mansar à apporter les preuves de ses allégations. «Il veut salir la révolution. Je l’invite à nous donner les preuves de ses dires», s’est-il indigné. Revenant sur l’absence de sa mère du village, il a ajouté: «Ma mère est au Canada pour être auprès de sa fille qui attend un heureux évènement et non pour d’autres raisons comme l’a prétendu par le porte-parole de la présidence».

Y. N. M.