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Compilation des premiers éléments de l'activité des élus des Tunisiens de l'étranger au cours des deux premières années de leur mandat à l'Assemblée nationale constituante (ANC).

Par Samir Bouzidi

Ce premier bilan vise à tirer quelques enseignements pour alimenter la réflexion en cours autour de la représentation politique.

Quelques éléments factuels...

Depuis les élections d'octobre 2011, trois des élus des Tunisiens de l'étranger ont démissionné et nommé un suppléant en leur place. Sont dans ce cas Imed Daimi (CPR - France 1) appelé au cabinet de la présidence provisoire de la république et remplacé par Béchir Nefzi ; Firdaous Oueslati (Ennahdha - Amériques et reste de l'Europe) remplacée pour cause de maladie par Mohamed Zrig; Hedi Ben Abbes (CPR - France 2) démissionnaire de son mandat puis du parti et remplacé par Noura Ben Hassen.

Trois autres de nos représentants ont changé de parti: Karima Souid (élue sous l'étiquette Ettakatol - France 2 et aujourd'hui avec Al Massar), Selim Ben Abdessalem (élu sous l'étiquette Ettakatol France 1 et aujourd'hui avec Nida Tounes ) et Abdessattar Dhifi (élu sous l'étiquette Al-Aridha Chaabia Italie et aujourd'hui indépendant).

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Ameur Larayedh (Ennahdha), champion de l'absentéisme.

Six députés ont exercé ou exercent encore d'importantes fonctions en sus du mandat donné par leurs électeurs : Ameur Larayedh (a présidé la Commission du règlement intérieur de l'ANC et exerce aujourd'hui d'importantes responsabilités au bureau politique d'Ennahdha); Maherzia Labidi (vice-présidente de l'ANC); Karima Souid (assesseur chargée de l'Information, de la Communication et des Relations avec les médias à l'ANC); Imed Daimi (conseiller à la présidence de la république avant de démissionner et de devenir secrétaire général du CpR); Hédi Ben Abbes (secrétaire d'État chargé des Affaires de l'Amérique et de l'Asie dans le gouvernement Jebali, conseiller du président Marzouki, porte-parole du CPR avant de démissionner); Sélim Ben Abdessalem (vice-président du groupe parlementaire d'Ettakatol avant de démissionner du parti).

Enfin, à l'exception de trois députés, tous ont participé à plus de 75% des votes. La palme revenant à Mohamed Zrig (Ennahdha - Canada) avec 99,79% de participation aux votes soit le député le plus assidu à l'assemblée. A contrario, la faible participation d'Ameur Larayedh (28,38%) est pour le moins surprenante!

Les représentants des Tunisiens de l'étranger

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Source : Marsad.tn

Des électeurs circonspects !

Au-delà de l'adoption de la constitution qui doit constituer un acquis pour tous, les résultats notoires du travail de nos 18 élus sont la constitutionnalisation du droit de vote des Tunisiens de l'étranger et l'éligibilité des binationaux à la présidence de la république.
Ce bilan quoique honorable est jugé assez sévèrement par notre panel représentatif des Tunisiens de France (graphique ci-dessous). Selon notre étude, ils sont seulement 26% des sondés à se montrer satisfaits du travail de leurs élus. A noter que 34% d'entre eux n'ont aucun avis (ce qui est à corréler avec la forte abstention en France au dernier suffrage d'oct. 2011).

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*Sondage réalisé du 15 février au 1er mars 2014, auprès d'un panel Tunisiens du monde/Solis, représentatif des Tunisiens de France, constitué de 300 Tunisiens ou Français d'origine tunisienne, âgés de 18 ans et +.

Ces résultats reflètent assez fidèlement le manque de prise de conscience de la communauté nationale des enjeux entourant les Tunisiens de l'étranger. Et la société civile tunisienne à l'étranger, incapable de s'organiser et faire cause commune, n'a pas aidé le travail de nos élus.
Dans un contexte d'urgence économique au pays, les associations se sont focalisées sur la conquête de nouveaux droits politiques difficilement audibles pour l'opinion publique et les députés de l'ANC. Et même sur ce chemin, le seul chantier amorcé, celui du Conseil représentatif des Tunisiens de l'étranger, conduit par une équipe de consultants et bénévoles a finalement été torpillé de toute part, le renvoyant aux calendes grecques!

Autre principal enseignement, les principaux griefs faits aux élus concernent la «liaison avec l'Etat tunisien et les services administratifs à l'étranger» et le «devoir d'information et disponibilité».

Pour relativiser le premier point, on ne peut pas dire que cela rentrait dans les prérogatives des élus. Concernant le deuxième, il y a certainement beaucoup de choses à améliorer.

Dans la réalité, nos élus ont quasiment tous basé leurs échanges avec leurs électeurs sur Facebook (page officielle et page de leur parti). Les plus assidus sont Bechir Nefzi (France), Nadia Chaabane (France), Selim Ben Abdessalem (France), Neji Jmal (France), Mahmoud El May (France), Karima Souid (France), Oussama Al Saghir (Italie), Mabrouka Mbarek (Canada), Mohamed Zrig (Canada) et Ikbel Msadaa (Dubaï).
Si les députés de France ont visité en moyenne 2 fois/an leurs administrés (réunions publiques mais trop souvent limitées dans les faits aux militants et aux sympathisants), c'est loin d'être le cas des autres pays et continents. A la décharge des élus des circonscriptions «Amériques et reste de l'Europe» et «Pays arabes et reste du monde», comment leur imposer cette performance avec aussi peu de moyens sur des territoires regroupant une vingtaine de pays ?

Et demain?

Pour l'avenir, certaines pistes d'amélioration nous semblent à explorer prioritairement. Le cas d'Ameur Larayedh (28,38% de taux de vote et 210e rang à l'Assemblée en termes d'assiduité au vote) pose question sur le cumul possible entre le mandat déjà très chronophage d'élu «Tunisien de l'étranger» et d'autres responsabilités politiques.

Par ailleurs, afin de rapprocher l'élu de ses électeurs, il faut veiller à impliquer davantage les consulats sur le même modèle que les députés français à l'étranger. Les élus doivent avoir accès, par exemple, aux bases de données d'e-mail, pouvoir tenir leur permanence dans les consulats, assister aux évènements et ce en élu de la nation (et non pas d'un parti)...!

Enfin, la prochaine loi électorale doit viser prioritairement la correction du découpage des circonscriptions à cheval sur deux ou trois continents et favoriser l'introduction des nouvelles technologies au service de la relation élu/citoyen.

Source : ''00216''.