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Ridha Belhaj Porte-parole de Hizb Ettahrir, parti islamiste radical, minimise le danger terroriste et se montre compréhensif à l'égard des salafistes jhadistes.

Par Marwan Chahla

Hier, le parti islamiste de Hizb Ettahrir a organisé une rencontre sur le thème «Le pays et la Révolution: entre libération et vassalisation», au cours de laquelle ses dirigeants ont reconnu l'existence du danger terroriste dans le pays mais ils ont tenté de le ramener à sa «petite dimension».

Pour Ridha Belhaj, le porte-parole du parti, «ce phénomène a été plus qu'amplifié par certaines parties pour servir leurs desseins politiques». Selon lui, l'exagération de cette menace terroriste met à mal le processus révolutionnaire et la transition démocratique.

Hizb Ettahrir ne nie pas l'existence, en Tunisie, d'un courant salafiste-jihadiste enclin à faire usage de la violence contre l'Etat.

«Cette tendance existe, mais elle est minoritaire et il est de la responsabilité du ministère de l'Intérieur de faire toute la lumière sur les assassinats (de Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, de nos soldats et agents de la Garde nationale, NDLR) pour que tous les doutes sur cette question du danger jihadiste soient définitivement dissipés», souligne Ridha Belhaj.

En d'autres termes : ce sont les services sécuritaires qui exagèrent la menace terroriste, à moins qu'ils ne soient eux-mêmes derrière les attentats, semble dire M.Belhaj, entre les lignes, sinon comment expliquer ses «doutes» et sa «complotite» aiguë ?

Pour le porte-parole de Hizb Ettahir, «la vérité entière sur ce dossier doit être connue, car jusqu'ici nous n'avons eu droit qu'à des versions très peu convaincantes, et les explications que l'on nous a présentées ont été très souvent tronquées, voire ridicules».

« Il est vrai, admet-il, que certains (jihadistes, NDLR) sont récalcitrants, pressés, désordonnés et ils trouvent que l'usage des armes est le seul recours. Cependant, les tenants de cette tendance demeurent une minorité, une infime minorité de la tendance islamiste dans notre pays». Et d'ajouter: «Pour les avoir connus et côtoyés spontanément au quotidien, je peux affirmer que cette très petite minorité comprend des gens qui manquent de vision, de projets clairs et de moyens. Il suffira, donc, de les écouter, de dialoguer avec eux, de les mettre sur la bonne voie et les encadrer».

A écouter M. Belhaj, les salafistes jihadistes seraient des âmes en peine qui mériteraient notre compréhension et notre compassion. Nous nous trouverions dans la position des coupables si, au lieu de leur prêter toute notre attention et toute notre générosité, nous leur répondions par les armes.

N'était-ce pas le discours de Rached Ghannouchi, le gourou nahdhaoui, qui nous disait, en septembre 2012, que les salafistes sont «nos enfants» et qu'«ils annoncent une nouvelle culture»? Depuis, Ennahdha a préféré prendre quelque distance avec la mouvance jihadiste... pour l'accuser, désormais, d'avoir été la cause de sa chute du pouvoir.
Hizb Ettahrir prendrait-il, aujourd'hui, le relais de la dédiabolisation du salafisme jihadiste?

Illustration: Mai 2012 à Kairouan, Ridha Belhaj (1er à partir de la droite) participe au congrès de l'organisation terroriste Ansar Charia, dont le chef, Abou Iyadh (1er à partir de la gauche) est en fuite, probablement en Libye.