«Il n’est pas criminel que la Rabaa et le portrait du président Morsi aient été brandis» lors de la fête de l’indépendance tunisienne, estime Samir Dilou, membre du Conseil de la Choura d’Ennahdha.
Hier, les islamistes ont investi l’avenue Habib Bourguiba. L’artère principale de la capitale était la leur de bout en bout et la célébration de la Fête de l’Indépendance n’était plus que celle d’Ennahdha et de ses escadrons de la terreur, les membres des Ligues pour la protection de la Révolution (LPR). Sur un terrain ainsi conquis, les Nahdhaouis ont pu discourir à loisir et faire montre de leurs grandes mobilisation et discipline. Ils ont également brandi des portraits de Mohamed Morsi, le président égyptien mis hors jeu par les militaires, et des «mains de Rabaa», le symbole de la résistance des Frères musulmans d’Egypte. Que ces symboles des islamistes égyptiens viennent se mêler à la grande signification du 20 mars tunisien n’a pas surpris outre mesure le dirigeant nahdhaoui Samir Dilou. S’exprimant sur les ondes de Mosaïque FM, hier en début de soirée, l’ancien ministre de la Justice transitionnelle a trouvé «normal que pareil écart survienne». Pour lui, «il s’agit d’un débordement mineur auquel nous (les dirigeants d’Ennahdha) ne nous étions pas préparés et sur lequel il ne faudrait pas trop s’attarder». M. Dilou a balayé d’un revers de main ce qu’il considère être «un petit débordement». «L’on s’était mis d’accord, lors de la réunion des instances dirigeantes de notre parti, sur le fait qu’il n’y aurait, dans cette manifestation, que des drapeaux tunisiens, des symboles nationaux et le chant de l’hymne national… Mais il se trouve que cet événement s’était tenu dans un espace ouvert auquel tout le monde pouvait avoir accès. Par conséquent, on ne pouvait pas empêcher certains jeunes d’utiliser des slogans autres que ceux qui ont été décidés, ou des symboles autres que ceux que l’on a prévus (…) Et en définitive, il n’est pas criminel que la Rabaa et le portrait du président Morsi aient été brandis», a expliqué l’ex-ministre des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle... Traduisons les propos de Samir Dilou: «ne pas être criminel» veut dire «être légitime». Comprenons, donc, que si les dirigeants de Montplaisir feignent d’être quelque peu embarrassés par les dérapages de leurs jeunes troupes, ils ne les condamnent pour autant. Au contraire, ils les trouveraient normaux, voire les soutiendraient. Nous savons que les Nahdhaouis sont passés maîtres dans l’art du double langage. Ils l’ont déjà fait, à plusieurs reprises et sur des questions encore plus cruciales, et ils continueront de le faire… Marwan Chahla |