La société civile tunisienne a célébré, dimanche, la «Journée de la Terre» pour marquer son soutien à la lutte du peuple palestinien.
Par Yüsra N. M'hiri
Le 30 mars 1976, les forces militaires israéliennes ont abattu, à Sakhnin, 6 jeunes palestiniens citoyens d'Israël et blessé de nombreux autres. Ce massacre a eu lieu lors d'une manifestation contre l'expropriation des terres palestiniennes par le gouvernement israélien.
Depuis, tous les 30 mars de chaque année, les Palestiniens commémorent la Journée de la Terre («Yaoum Al-Ardh»), à la mémoire des victimes de ce massacre et pour rappeler à la communauté internationale leur droit à établir leur Etat indépendant sur la terre de leurs ancêtres.
Les drapeaux palestinien et tunisien mêlés
Pour commémorer cette journée, plusieurs dizaines d'activistes tunisiens se sont rassemblés à l'Avenue Habib Bourguiba, à Tunis. Ce sont, en majorité, des militants associatifs venus de plusieurs régions du pays, et notamment de Kasserine, Sbeïtla, Kairouan et Sousse. Des chorales d'enfants ont chanté des chansons engagées, appelant à l'évacuation des territoires palestiniens occupés illégalement par l'Etat d'Israël.
Chawki, enseignant dans une école à Kasserine, est venu accompagné d'un groupe de ses élèves, une quinzaine d'enfants portant des drapeaux tunisiens cousus à ceux palestiniens. Ils défilaient à l'Avenue en scandant «Free Palestine». «Il est important que les enfants puissent participer à cette manifestation. Ce sont eux qui reprendront bientôt le flambeau», dit-il.
Des Palestiniens vivant en Tunisie ont également participé à cette marche. Les drapeaux de la Tunisie et de la Palestine se mêlaient dans la foule et les manifestants scandaient des slogans hostiles... aux Frères musulmans. Confusion? Non, explique Ahmad, un jeune palestinien dont les parents travaillent en Tunisie. «Les Frères musulmans sont à la solde des sionistes, qui violent la terre palestinienne», confie-t-il à Kapitalis.
«La Palestine est notre terre et nous n'en partirons pas. Nous resterons attachés à cette terre sacrée de Palestine, quelles que soient les conséquences», dit encore Ahmad. Il poursuit: «Le 30 Mars symbolise la résistance, et même si je ne suis pas en Palestine, mon cœur bat pour nos familles là-bas. Les Palestiniens en Cisjordanie et ceux de la bande de Gaza souffrent et vivent l'enfer avec le mur de séparation, la colonisation, le blocus et les incessantes agressions militaires israéliennes. Mais le plus douloureux, reste l'absence de perspectives d'avenir».
De gauche à droite: Abbas Zaki, Hamma Hammami et Salman Al-Herfi signent «La promesse palestinienne».
Hamma Hammami, leader du Front populaire, qui rassemble les partis nationalistes arabe et de gauche radicale, traditionnellement les plus impliqués dans la défense de la cause palestinienne, a présidé un meeting à la salle Africa, à laquelle a pris part une délégation palestinienne, présidée par l'ambassadeur de la Palestine à Tunis, Salman Al-Herfi, et en présence de Abbas Zaki, ancien représentant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) au Liban.
M. Hammami a réitéré le soutien inconditionnel de son mouvement au peuple palestinien et à son droit de fonder son Etat indépendant avec Al-Qods (Jérusalem) pour capitale.
Salman Al-Herfi, Abbas Zaki, Hamma Hammami et Mohamed Jmour.
"La Promesse Palestinienne"
Un livre d'or a été symboliquement signé par les participants au meeting, ainsi qu'un document intitulé «La promesse palestinienne», dans lequel le Front populaire et les représentants palestiniens s'engagent à maintenir le contact et la collaboration pour la défense de la cause palestinienne dans toutes les instances, arabes et internationales. «La Palestine est la cause des Arabes et de tous les hommes épris de justice et opposés à l'occupation. On ne peut se dire démocrate si on ne soutient pas les droits de nos frères palestiniens», a déclaré M. Hammami.
Abbas Zaki a indiqué, pour sa part, que l'initiative de «La promesse palestinienne» vient renforcer les liens entre la Tunisie et la Palestine, exprimant, au passage, sa gratitude, pour toutes les forces démocratiques qui soutiennent le peuple palestinien dans son combat. «La commémoration de la Journée de la Terre ici, à Tunis, prouve que le peuple palestinien n'est pas seul dans sa confrontation avec l'occupant israélien», a-t-il conclu.
L'ambassadeur Salman Al-Herfi est, de son côté, revenu sur la symbolique particulière de la Journée de la Terre, célébrée le 30 mars de chaque année, dans lutte menée par les siens.
«Les Palestiniens luttent, depuis des décennies, pour la restitution de leurs terres occupées et le respect de leurs droits. Vous ne pouvez imaginer la misère dans laquelle vit une partie de notre peuple depuis que l'occupant a investi nos terres», a-t-il lancé. Et d'ajouter, sous les applaudissements nourris des présents: «La division nous affaiblie. Nous devons nous unir. Le monde arabe ne peut faire entendre sa voix que si ses peuples ne font qu'un».