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Les Franco-Tunisiens ont voté pour la gauche, qui a perdu les municipales en France. Ils ont perdu aussi, du même coup, la droite.

Par Moncef Gouja

Sur les 36.682 communes françaises, quelques 50 Franco-tunisiens seulement se sont présentés au suffrage. C'est très peu, sachant que parmi les 700.000 Tunisiens résidents en France, des centaines de milliers portent la double nationalité. Le chiffre exact est inconnu car les autorités françaises ne l'ont jamais révélé.

Le vote des Franco-Tunisiens

Selon des informations en provenance de Paris, les Franco-Tunisiens ont voté pour la gauche mais non massivement. La ville de Pantin, où réside 70.000 Tunisiens, a voté à gauche, ainsi que Paris, et surtout les 18e et 20e arrondissements, fiefs des Tunisiens. Idem pour certaines villes du sud parisien, comme Massy et Massy-Palaiseau ou Pantin dans le nord parisien.

Par contre, des villes comme Marseille, Toulouse et Bobigny, où il y a une forte présence tunisienne, sont passées (ou restées) à droite.

Ce qu'il faut retenir c'est que le vote tunisien ne pèse pas lourd mais il peut être décisif dans certaines communes où quelques voix peuvent décider du sort du scrutin.

La Tunisie «perd» aussi la ville de Paris avec le départ du natif de Bizerte, Bertrand Delanoë, grosse pointure du PS et peut-être futur Premier ministre, mais les Tunisiens ont gardé généralement un bon souvenir de ce «Tunisien de cœur» en dépit du fait que les socialistes ont rechigné à courir le risque de mettre sur les listes PS des Franco-Tunisiens.

La classe politique française, prétextant la pression de l'extrême-droite, a toujours refusé de faire figurer des Franco-Maghrébins sur ses listes pour les législatives ou les municipales. Sur les 10 millions d'origine maghrébine sur une population de 6o millions, soit plus de 1/6, seuls quelques «arabes de services» sont récupérés sur les listes des partis.

La France reste politiquement un pays d'exclusion, n'en déplaise aux francophiles à tout prix!

Les Maghrébins: électeurs mais non encore éligibles

Cela fait plus de 33 ans que François Mitterrand, alors président, avait promis le vote des immigrés aux municipales, les socialistes ne l'ont jamais fait ou tenté de le faire. Pourtant les Maghrébins continuent à voter à gauche!
Tout le monde a remarqué la présence de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, à la fête du 20 Mars à notre ambassade à Paris, qui pouvait être interprétée comme un clin d'œil pour le vote tunisien à la veille d'un scrutin décisif, en plus du fait que c'est un grand amoureux de nos hôtels et de nos crus!

On remarquera du même coup l'absence à cette réception d'hôtes de marque de l'UMP. On ne sait pas si notre actuel ambassadeur, ancien militant PS et actuel militant Ettakattol, membre de l'Internationale Socialiste y est pour quelque chose. Difficiel de croire qu'on a poussé la maladresse jusqu'à ne pas inviter les amis de la Tunisie dans la sphère de l'UMP. Car ce serait une erreur grave, d'autant plus que la droite est déjà de retour aux affaires!

Illustration: Bertrand Delanoë cède la mairie de Paris à sa camarade socialiste Anne Hidalgo.