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Afek Tounes, parti de centre-droit, explique les conditions à mettre à en place pour assurer le succès des prochaines élections.

Par Yüsra N. M'hiri

Le parti Afek Tounes (centre droite) a présenté, lors d'une conférence de presse, mardi 1er avril à Tunis, une série de propositions visant à améliorer la loi électorale et à assurer de meilleures chance de réussite aux prochaines élections.

Dr Riadh Mouakher, membre du bureau exécutif du parti, a expliqué que l'inscription de la loi des apparentements dans le nouveau code électoral sera essentielle pour les prochains scrutins puisqu'elle permettra d'augmenter le nombre de sièges auxquels un parti peut aspirer à l'Assemblée. Elle permettra, en effet, aux différentes listes de passer des accords, avant les élections, et de concourir séparément lors du scrutin, tout en gardant la possibilité d'additionner les voix dites «perdues» (insuffisantes pour obtenir un siège) pour obtenir davantage de sièges.

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Riadh Mouakher.

Parier sur les femmes et les jeunes

Revenant sur l'article 15 du projet de loi électorale, qui prévoit l'exclusion politique de tous les candidats ayant assumé des responsabilités sous le régime de Ben Ali, Afek Tounes y voit une forme d'exclusion collective et s'y oppose fermement, estimant que les abus commis par des individus doivent être sanctionnés individuellement. Le parti estime, par ailleurs, que «les Tunisiens sont assez intelligents pour choisir eux-mêmes leurs représentants à l'Assemblée».

M. Mouakher a aussi expliqué que son parti croit au rôle primordial des femmes et des jeunes (âgés de moins de 35 ans) dans le développement de la vie politique. Aussi propose-t-il de leur réserver les trois premiers rangs dans les listes électorales.

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Nebil Chemek.

Nebil Chemek, membre du bureau exécutif de Afek Tounes, a abordé le sujet du vote des illettrés et de leur accompagnement dans l'isoloir, comme proposé par certaines parties, notamment des députés d'Ennahdha, lors de la discussion de la nouvelle loi électorale à l'Assemblée constituante.

Chaque parti pourra opter pour des numéros spécifiques, des codes couleurs et des symboles, comme lors des élections du 23 octobre 2011, et faciliter ainsi le vote des électeurs illettrés. Cette méthode permettra de barrer la route à la manipulation et à la tricherie électorales que l'accompagnement faciliterait à coup sûr. «Les codes couleurs sont utilisés dans les pays démocratiques et sont efficaces, puisque les électeurs s'y retrouvent parfaitement et cela évite toute confusion», a indiqué Nebil Chemek. Qui a, par ailleurs, plaidé pour le droit de vote des forces de sécurité et de l'armée.

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Kamel Dimassi.

Pour un meilleur contrôle des financements

Kamel Dimassi, expert financier, a proposé, pour sa part, de recourir à des organismes professionnels pour contrôler les financements des campagnes électorales selon des normes internationales. Il a ajouté que les articles 137, 138, 143 et 144 de la loi électorale en cours de finalisation, relatifs au processus de surveillance des élections, devraient permettre aux observateurs de la société civile, accrédités par l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), de se faire prévaloir des mêmes droits que les partis et les candidats. Ils pourraient enregistrer leurs observations et objections, et, le cas échéant, faire opposition auprès des juridictions concernées.

Par ailleurs, et concernant l'article 6, qui permet d'enregistrer auprès des bureaux de vote les ascendants et descendants au deuxième niveau, Afek Tounes propose que l'enregistrement s'arrête à un seul niveau pour prévenir les tricheries. «Souvenons-nous, sous l'ancien régime, même les morts votaient», a ironisé M. Dimassi.

L'expert financier a proposé également d'inclure, dans l'article 77, la possibilité d'ouvrir un compte bancaire pour chaque liste électorale et non pour chaque parti, comme cela a été le cas jusqu'ici, et ce pour faciliter les transactions financières, notamment dans les régions.

Yassine Brahim, secrétaire général du parti, est revenu sur l'importance pour les forces démocratiques de former une alliance en vue des prochaines élections, sans pour autant préciser les options de son parti à ce sujet. Il a, par ailleurs, indiqué que la propagande politique diffusée par les chaines étrangères doit faire l'objet, elle aussi, des mêmes contrôles auxquels sont soumis les médias locaux. «La liberté d'expression est certainement la plus belle chose que nous ayons acquis grâce à la révolution. Mais celle-ci doit être cadrée et disciplinée et ne pas permettre aux médias de faire la propagande de partis en particulier», a-t-il insisté.

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Noomen Fehri.

A l'écoute des régions reculées

M. Brahim a conclu en soulignant le soutien inconditionnel d'Afek Tounes au gouvernement Jomaâ, tout en insistant sur la nécessité de respecter les délais pour la tenue des élections, celles-ci devant avoir lieu avant la fin de 2014.

Noomen Fehri, député et directeur exécutif d'Afek Tounes, s'est montré optimiste quant à la réussite de la transition démocratique, malgré la situation économique dans le pays qu'il a qualifiée de «catastrophique». Il a aussi insisté sur la nouvelle approche de son parti, souvent taxé d'élitaire, mais qui souhaite se rapprocher davantage des citoyens, à travers une action appelée «On est venus vous écouter». Celle-ci consiste à faire du porte-à-porte pour recueillir les doléances et mesurer les besoins des Tunisiens. Cette démarche permettra également d'encourager les gens à voter, étant entendu que l'abstention fera l'affaire du parti Ennahdha, mais aussi, on l'a deviné, de faire mieux connaître ce parti dit «d'hommes d'affaires», notamment dans les régions reculées, où il est encore quasiment invisible et inaudible.

Illustration: Yassine Brahim.