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Mehdi Jomaa, qui n'a pas été invité aux Etats-Unis comme un Premier ministre dont la durée de vie est de quelques mois, se comporte déjà comme un chef d'Etat.

Par Moncef Gouja

A une question du journaliste du grand quotidien américain ''Washington Post'': «Do you run in the next election?» (Aller-vous vous présenter à la prochaine élections?), Mehdi Jomaa répond: «Let me do my job now. Give me the time to succeed!» (Laissez-moi d'abord faire mon travail. Laissez-moi le temps de réussir dans ma mission).

Dans cette interview fleuve, le Premier ministre n'exclut donc pas de se présenter aux prochaines élections mais dit qu'il lui faut lui laisser le temps de faire son «job» et réussir sa mission. Il aurait pu répondre que la «feuille de route» du Quartet ne lui permet pas de se présenter puisque c'était une des conditions posées pour tous les ministres de son gouvernement de technocrates.

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Un Premier ministre reçu comme un chef d'Etat. 

Ne pas répondre par non est en langage diplomatique une omission volontaire. Ce qui est plus curieux est que cette question soit posée par le journaliste, qui devrait savoir que M. Jomaa dirige un gouvernement de technocrates dont la «feuille de route» élaborée par le quartet, appuyée par tous les partis et validée par l'Assemblée nationale constituante (ANC) stipule qu'aucun ministre n'a le droit de se présenter aux prochaines élections.

Le programme annoncé par M. Jomaa concernant la réforme du secteur économique suppose un délai de quelques années pour qu'il soit exécuté. Depuis sa nomination, des bruits de couloirs courent et laissent croire qu'il est venu pour rester! En tout cas, on voit mal Barack Obama inviter un Premier ministre dont la durée de vie est de quelques mois.
Les grands bailleurs de fonds, dont la Banque mondiale, l'Union européenne et le FMI, ne peuvent pas courir de risque d'engager des fonds importants ou donner des garanties à un gouvernement éphémère.

En tout cas, pour les discussions qu'il veut engager avec M. Obama, il agit comme un Premier ministre «durable» : «We are looking to build a long-term economic relationship» (Nous cherchons à construire des relations économiques à long terme), a-t-il répondu au journaliste. Idem pour les questions de sécurité et notamment pour protéger nos frontières sud, et là le Premier ministre accuse la Libye : «We discovered that the Weapons and financing of Ansar al-Sharia were coming from Libya» (Nous avons découvert que les armes et les financements d'Ansar Charia proviennent de la Libye). Sans accuser clairement le gouvernement libyen, ami du président provisoire de la république Moncef Marzouki et du parti islamiste Ennahdha.

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Mehdi Jomaa avec un groupe de députés et de sénateurs américains.

Bref, à toutes les questions, M. Jomaa répond avec l'assurance d'un homme d'Etat et d'un chef de gouvernement qui travaille sur la durée. Et à la question de savoir si l'un de ses objectifs est de tenir les élections, il répond: «We will do our best to have elections before the end of the year!» (Nous ferons de notre mieux pour avoir des élections avant la fin de l'année!)

Encore une réponse diplomatique pour dire: «Ce n'est pas évident». Il aurait fait un talentueux diplomate.