Washington accorde des garanties de prêts d'un montant de 500 millions de dollars à la Tunisie pour l'aider à relancer son économie. Et réussir sa transition.
Par Moncef Dhambri
Les Etats-Unis joignent le geste à la parole. Hier, à Washington, en recevant, à la Maison Blanche, le Premier ministre Mehdi Jomaâ, le président Barack Obama a annoncé que son pays accorde à la Tunisie de nouvelles garanties de prêts pour un montant de 500 millions de dollars afin qu'elle puisse relancer son économie. Ces garanties devraient permettre à notre pays de contracter des prêts sur les marchés des capitaux internationaux à des taux raisonnables.
«Les Etats-Unis cherchent à s'assurer, par ce geste, que l'expérience tunisienne réussisse», a déclaré le président Obama, en faisant cette annonce. «Et nous ne souhaitons rien de plus pour les Tunisiens que la possibilité qu'ils déterminent eux-mêmes leur destin, que des réformes économiques soient mises en œuvre et que celles-ci permettent à la Tunisie non seulement de garantir son autosuffisance mais également de prospérer», a-t-il ajouté.
Obama à Jomaa: «Les Etats-Unis cherchent à s'assurer que l'expérience tunisienne réussisse»
Tel est, donc, le message clair avec lequel l'administration américaine a souhaité accompagner son discours de soutien à la révolution tunisienne. Ce geste concret semble être une suite logique à la très célèbre standing ovation des deux chambres du Congrès américain qui avait accueilli la révolution du 14 janvier 2011.
La même administration Obama a déjà engagé 400 millions de dollars en apport direct à la transition en Tunisie et consenti aussi 485 millions de dollars en garanties de prêts, en 2012.
Lors d'une rencontre avec la presse, en présence de M. Obama, M. Jomaâ a expliqué les raisons du soutien dont la Tunisie a besoin: «La rédaction de notre nouvelle constitution a été quelque peu laborieuse (...) A présent, notre pays doit se concentrer sur l'avenir, sur la construction d'un nouvel avenir pour notre jeunesse».
M. Jomaâ a également rencontré le secrétaire américain au Trésor Jack Lew, qui a fait l'éloge de la transition politique en Tunisie et les efforts déployés par le pays pour mettre en œuvre des réformes économiques. Pour M. Lew, «la stabilité économique demeure le fondement de la stabilité politique», ajoutant que «les garanties aux prêts que les Etats-Unis accordent à la Tunisie viennent appuyer les efforts du gouvernement tunisien à offrir au peuple de Tunisie de nouvelles opportunités économiques et elles seront importants pour la région».
Le bilan du déplacement américain de Mehdi Jomaa n'est pas négligeable.
Une fois de plus, la cause de la Révolution du 14 janvier 2011 a donc été entendue, aux Etats-Unis, et la récolte du déplacement américain de Mehdi Jomaa n'est pas négligeable... Certes, cette main tendue de Washington comporte des contraintes (avouées ou tues!). Ces garanties impliquent des engagements de la part de notre pays et des obligations que la Tunisie devra honorer.
Pouvait-il en être autrement, pouvait-il y avoir un prix plus modéré à payer, après le passage du tsunami dévastateur des Troïka 1 et 2 et les incompétences dont ont fait preuve les gouvernements des nahdhaouis Jébali et Larayedh?
Bien évidemment, il y aura toujours des théoriciens pour dire que la Tunisie, même dans les circonstances actuelles de son économie exsangue, peut résoudre ses problèmes, éviter la banqueroute, surmonter cette crise profonde et relancer l'activité de notre économie, sans avoir à recourir à l'assistance de pays amis, comme les Etats-Unis ou l'Union européenne...