Nida Tounes, déjà en campagne électorale, surfe sur les échecs cuisants d'Ennahdha et de la Troïka et promet des lendemains meilleurs.
Par Marwan Chahla
La célébration de la Fête des Martyrs, mercredi 9 avril, a été l'occasion pour Nida Tounes d'organiser, non loin du mausolée du Soldat inconnu, au Sijoumi, quartier ouest de la capitale, un meeting populaire durant lequel les dirigeants du parti de Béji Caïd Essebsi ont fait étalage de leur assurance et expliqué qu'ils ne souhaitent même plus parler de leur «victoire certaine» aux prochaines élections. Mondher Belhaj Ali, membre du bureau exécutif, préfère se placer déjà dans la perspective de ce succès garanti et évoquer ce que son parti entreprendra au lendemain de l'annonce des résultats...
Sur le ring électoral
Depuis quelque temps déjà, les petites comme les grandes formations politiques ont raisonné et fonctionné en rapport direct avec les prochaines élections. Leurs dirigeants, pressés d'en découdre avec leurs rivaux, sont montés à plusieurs reprises au filet. Et, à cette fin, toutes les raisons et toutes les occasions sont bonnes: au coin d'une rue, sur le trottoir, sur un plateau de télévision, dans une station de radio, lors d'une rencontre quelconque, etc., ils n'hésiteront jamais à évoquer l'impatience qui les anime à être au plus vite sur le ring électoral.
Mondher Belhaj Ali: «Il vaut mieux ne plus parler d'Ennahdha».
Avant-hier, la célébration de la Fête des Martyrs a offert aux dirigeants de Nida Tounes le prétexte pour fourbir les armes dont ils feront usage dans un très proche avenir, lorsque la campagne électorale sera officiellement lancée.
Lors du rassemblement populaire au Sijoumi, Mondher Belhaj Ali a choisi tout simplement d'«enjamber» les prochaines élections pour énumérer les priorités qu'une majorité parlementaire «nidaïste» se fixera: la reconstruction de l'Etat et la réalisation des objectifs de la Révolution.
«Ne tournons pas autour du pot et disons les choses clairement, ce sont les victorieux qui écrivent l'Histoire», a-t-il déclaré. Et d'ajouter: «Il vaut mieux ne plus parler d'Ennahdha. Pour lui, les jeux sont faits. Pour nous, les élections ne posent plus aucun problème. Notre assurance de remporter les prochains scrutins est une certitude indéniable. Ce qui nous préoccupe, plutôt, c'est ce qui se passera au lendemain des élections».
«C'est à cela que nous nous préparons, désormais, car notre pays se trouve aujourd'hui dans une situation économique et financière très inquiétante», ajoute-t-il, soutenant ses propos par les déclarations du gouverneur de la Banque centrale, Chedly Ayari, qui, la veille, avait tiré la sonnette d'alarme sur le déséquilibre dangereux de la balance commerciale tunisienne.
Le «chaos financier» légué par Ennahdha
Selon M. Belhaj Ali, «ils (les gouvernements Troïka 1 et 2, NDLR) nous ont laissé une ardoise salée: tous les comptes de l'Etat sont au rouge, le chaos financier est total et le risque reste grand que cette confusion n'entraîne un écroulement de l'économie». Nida Tounes, rassure-t-il, s'est préparé à assumer ses responsabilités. «Nous serons là pour réaliser les objectifs de la Révolution, pour créer des emplois et offrir aux Tunisiens la dignité et les libertés qu'ils méritent», a-t-il assuré.
Un électorat déboussolé par la crise, mais qui continue d'y croire.
La stratégie électorale «nidaïste» se précise autour des trois ou quatre thèmes suivants: Ennahdha s'est essayé au pouvoir et a perdu; il laisse un lourd legs; Nida Tounes possède les compétences qu'il faut pour permettre au pays de rétablir ses équilibres.
Sur ces axes clés pourront, selon les circonstances, venir se greffer quelques autres sujets. Nous pouvons faire confiance à la facilité de digression de M. Caïd Essebsi.