Un prédicateur de Neuchâtel, qui s’est toujours fait passer pour un islamiste modéré, a publié sur Internet un texte en arabe légitimant l’utilisation des ceintures d’explosifs. Les Suisses s’inquiètent…


Le Tunisien Larbi Guesmi, président d’une mystérieuse association dénommée Ez-Zeitouna, assure régulièrement le prêche du vendredi au Centre culturel des musulmans à Neuchâtel, sans pour autant y assumer de responsabilité officielle. Il s’est fait connaître dans son pays d’accueil lors de la manifestation à Berne des musulmans de Suisse contre la publication des caricatures de Mahomet en 2006.

Le double langage
«Si je devais absolument choisir, j’accepterais par amertume une caricature de Mahomet plutôt que de voir des morts dans un métro», disait-il. Le problème: l’homme, fidèle à la tactique des islamistes, tient un double discours, selon la langue utilisée et le public auquel il s’adresse. Aux Suisses, il parle en français et tient des propos ouverts et apaisants. Pour parler à ses coreligionnaires, Tunisiens ou autres, il n’hésite pas à enfourcher le cheval du djihad.

larbi guesmi
Larbi Guesmi, le fervent défenseur des… ceintures d’explosifs.

Extrait de l’un de ses prêches diffusé en septembre sur Internet: «Alors, il faut les avertir, leur montrer par la parole s’ils se rappellent, sinon justice par la force devra être faite. Sellez les chevaux, et préparez ce que vous pouvez de matériel, de convictions, puis n’oubliez pas, n’oubliez pas, n’oubliez pas les ceintures sacrées, les ceintures des respectables, la ceinture explosive pour les gens qui trahissent. Nous allons résister, ceci fait partie de notre culte, nous allons résister, soit la victoire soit la mort.» Et en note de bas de page, notre charmant prédicateur précise: «Ceinture d’explosifs, arme des vulnérables contre les ennemis de la nation.»
Des paroles dont la clarté ne laisse aucun doute quant aux véritables ressorts idéologiques et projets démoniaques de cet homme qui réside en Suisse depuis 18 ans avec le statut de… réfugié politique.
«Il est connu comme islamiste. Mais il a toujours eu des propos modérés. Ces nouvelles phrases me paraissent plus inquiétantes. Mais à ma connaissance, il n’a pas trop d’influence dans l’Association du centre culturel de Neuchâtel», explique Thomas Facchinetti, délégué cantonal aux étrangers à Neuchâtel, cité par les journaux suisses.

Les Musulmans de Suisse s’inquiètent aussi
Interrogé par les confrères suisses sur la portée jihadiste de ses propos, le prédicateur s’est dérobé d’abord derrière l’argument habituel: «Vous sortez mes phrases de leur contexte!» Confronté à la limpidité de ses appels à la guerre sainte et au recours aux ceintures explosives, il invoque… la métaphore poétique (sic !). Il finit cependant par sortir de ses gonds et faire tomber le masque: «Quand les Français ont fait la révolution, les a-t-on traités de terroristes? Pourtant avaient-ils des bouquets de fleurs? Non, ils ont lutté avec les moyens qu’ils avaient. Pourquoi ce qui est permis pour les uns ne l’est pas pour les autres? On vient détruire nos pays, nos mosquées et on ne doit rien dire? La Suisse a bien une armée pour se protéger et nous, nous n’aurions pas le droit de le faire?», demande-t-il, trahissant, par ses propos, un état d’esprit de jihadiste en mission divine dans un pays de «harb» (guerre).
Les autorités suisses, alertées par les médias, n’ont pas encore réagi. Mais des militants de l’Union démocratique du centre (Udc), le parti d’extrême-droite, se sont emparés de l’affaire. «C’est la communauté [musulmane] elle-même qui s’est manifestée auprès de moi. Ils ne veulent pas laisser quelques extrémistes détruire ce qu’ils ont construit en trente ans», précise Yvan Perrin, policier et conseiller national Udc.   
Stéphane Lathion, coordinateur du Groupe de recherche sur l’Islam en Suisse, souligne, lui aussi, l’inquiétude des musulmans: «C’est un cas de double discours que les musulmans eux-mêmes cherchent à combattre car il justifie les craintes que les non-musulmans peuvent avoir sur une légitimation de l’usage d’une violence aveugle. Malheureusement, les autorités politiques suisses n’ont peut-être pas les moyens suffisants pour contrer ce type de dérapage.»
Y. M.

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