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Les préparatifs militaires pour une offensive terrestre au Jebel Chaambi démontrent la volonté de l'Etat tunisien de déloger définitivement les groupes terroristes de cette zone.

Par Imed Bahri

Les canons parlerons à Jebel Chaambi, bien sûr! Alors que des «fuites» bien contrôlées font savoir qu'une grande offensive terrestre est en préparation pour ratisser toute la montagne sur un périmètre de 100 km, la grande muette, l'armée nationale, ne déroge pas à ses habitudes. Des informations en provenance de la zone parlent de grands renforts en hommes et en armes lourdes qui sont acheminés ces derniers jours, dont un hôpital militaire mobile pour soigner sur place les soldats blessés et qui fût installé au pied du Jebel Chaâmbi. On parle aussi d'unités des forces spéciales, de véhicules anti-mines ainsi que d'autres armes sophistiquées. Tout pour une offensive terrestre d'envergure.

Terroriser les terroristes

Quelque chose de très sérieux se prépare donc. Le communiqué de la présidence provisoire de la république déclarant le Jebel Chaambi et ses environs «zone militaire» renforce l'idée que quelque que des actions d'envergure vont être entreprises.

L'on sait, depuis début 2012, lorsque le magazine français « 'Marianne'', quelques mois après la montée au pouvoir de la Troïka, la coalition gouvernementale dominée par le parti islamiste Ennahdha, avait révélé l'existence de trois camps d'entrainement de terroristes sur la frontière tuniso-algérienne, information confirmée par Nicolas Beau, ajoutant qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) tente de s'implanter en Tunisie. L'on a su ensuite que c'est avec l'organisation salafiste tunisienne d'Ansar Charia, à l'époque encore alliée d'Ennahdha mais qui avait déjà fait allégeance à Al-Qaïda, qu'elle coordonne ses actions sanguinaires.

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La fin du grand froid est un élément déterminant dans le choix d'une offensive terrestre, qui plus est, dans un terrain accidenté et truffé de grottes et de caches.

Les attaques sanglantes contre des militaires, des gendarmes et les assassinats des deux leaders de la gauche Belaïd et Brahmi ont fini par convaincre les plus récalcitrants, même ceux qui parlaient de «sportifs faisant leurs jogging» ou de «fazzaa» (fausse alerte) lancée par les contre-révolutionnaires de l'ancien régime.

L'Etat avait fini par déclarer Ansar Charia organisation terroriste et on a découvert, après l'arrestation de plusieurs éléments, que Jebel Chaambi allait lui servir de quartier général d'où seront planifiées les attaques pour enflammer tout le pays, détruire l'Etat et instaurer un émirat salafiste.

Les révélations de l'ancien chef d'Etat-major, Rachid Ammar, qui a démissionné (certains disent qu'il y fût contraint) ont montré que les services de renseignements militaires étaient informés, que l'armée était prête à agir efficacement, mais que les politiques bloquaient l'action pour des raisons qu'on ignore officiellement.

Officieusement, on faisait circuler qu'Ennahdha et ses alliés ne voulaient pas donner le feu vert nécessaire pour en finir avec ce foyer de terrorisme. Mais les faits prouvent que l'action militaire est devenue de plus en plus efficace, depuis la nomination du nouveau chef de l'armée de terre, le général Hamdi et surtout après le départ de la Troïka et le changement du ministre de la Défense. L'on sent que désormais l'armée a les mains libres pour agir.

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Après le départ du gouvernement de la Troïka, l'armée a désormais les mains libres pour agir.

Parallèlement, l'action des services de sécurité du ministère de l'Intérieur a connu des avancées spectaculaires dans la liquidation des terroristes, dans le démantèlement de leurs cellules, la découverte des caches d'armes et la neutralisation de leurs chefs les plus dangereux.

L'Etat a marqué des points dans sa lutte contre les terroristes en les terrorisant. Mais il reste le foyer le plus dangereux qui n'est pas totalement sous contrôle: le Jebel Chaambi. L'on sait aussi que des terroristes tunisiens et étrangers continuent à y élire domicile et à circuler avec une certaine aisance. La preuve, les mines qu'ils continuent à poser çà et là et des soldats continuent à sauter dessus!

La campagne du printemps

Cette situation est d'autant plus dangereuse que l'évolution de la situation politique en Algérie en raison des élections, et des tensions qu'elles peuvent engendrer, facilitera l'infiltration des terroristes de l'Aqmi qui s'obstine à infester cette zone.
L'arrivée du printemps et la fin du grand froid sont aussi un élément déterminant dans le choix d'une offensive terrestre, qui plus est, dans un terrain accidenté et truffé de grottes et de caches.

Nettoyer la zone de la présence des terroristes doit être l'objectif de cette campagne du printemps. En finir une fois pour toute et occuper définitivement cette zone par notre armée, et c'est ce que souhaitent tous les Tunisiens.

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Serait-ce l'assaut final contre les groupes terroristes infestant la zone?

Certes, la guerre contre le terrorisme ne fait que commencer, mais remporter une bataille aussi décisive que celle de Jebel Chaambi anéantira les rêves de ceux qui veulent transformer la Tunisie en Tounistan et portera un coup sévère aux ennemis du peuple tunisien.

Le pilonnage par l'aviation ou l'artillerie affaiblit l'ennemi mais il n'y a que les troupes terrestres qui peuvent finir le «job». Certaines informations révélées par la presse parlent d'une visite d'un haut gradé américain à la zone! Le démenti ne tardera pas à venir, mais l'on sait déjà que, lors de la rencontre de Mehdi Jomaa avec Barack Obama, il y a deux semaines à Washington, des décisions ont été prises pour une collaboration étroite sur le plan militaire concernant la lutte contre le terrorisme.

Les canons de l'armée parleront pour rétablir la paix et la sérénité dans cette région et dans toute la Tunisie. Et on ne peut que s'en féliciter. Plus de laxisme à l'égard de l'extrémisme...