Le phénomène n’est pas nouveau: de jeunes Maghrébins, Africains et Asiatiques s’inscrivent dans les universités françaises dans le seul but d’entrer dans le pays, sans aucune intention d’étudier.
Ces «étudiants fantômes», qui ne se montrent à l’université dans laquelle ils sont inscrits «qu’une seule fois dans l’année… le jour de l’inscription», selon un professeur cité par le journal parisien ‘‘France Soir’’, sont estimés, par le même enseignant, à 7% du nombre total des étudiants. Son collègue affirme, pour sa part, que sur 200 étudiants étrangers inscrits dans son cours près d’une trentaine est souvent dans la nature.
La filière d’immigration estudiantine
Privés de perspectives de travail chez eux, ces étudiants étrangers s’inscrivent dans 5, 6 ou 10 établissements différents pour être au moins certains d’obtenir une inscription. Mais dès qu’ils ont la carte de séjour, ils vont chercher des petits boulots pour vivre et certains ne remettent plus jamais les pieds en fac.
Alors que le nombre d’étudiants étrangers accueillis en France a augmenté de 75% en dix ans, on peut estimer que l’augmentation du nombre de «faux étudiants» a contribué à cette explosion.
‘‘France-Soir’’ évoque même le cas de sociétés qui se sont spécialisées dans cette filière d’immigration estudiantine, en Afrique et en Chine, qui promettent aux jeunes, moyennant finance, des visas d’entrée en France, avec inscription à l’université, carte de séjour et logement.
Certains de ces «faux étudiants», qui s’inscrivent dans un établissement universitaire français après avoir justifié d’un diplôme équivalent à ceux de l’Hexagone (bac ou licence), puis passé un entretien auprès de l’ambassade de France, dans leur pays d’origine, afin de vérifier qu’ils parlent bien… français, se révèlent «parfois incapables de suivre un cours en français», avoue la ministre française de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. En 2008 déjà, Brice Hortefeux, alors ministre de l’Immigration, admettait publiquement: «La filière étudiante de l’immigration clandestine, chacun sait qu’elle existe.» Qui est responsable de cette situation?
La complicité passive de l’administration
Bien qu’ils aient été renforcés ces dernières années, les contrôles effectués par les autorités françaises (qu’elles soient consulaires ou universitaires) sont souvent approximatifs. «L’inscription en fac coûte entre 170 et 550 €, un des tarifs les plus bas du monde», note ‘‘France-Soir’’. Selon le journal, cette inscription «donne automatiquement droit à une carte de séjour de un an, renouvelable trois ans. Au terme de sa troisième année en France, l’étudiant verra renouveler sa carte de séjour s’il a pu valider… ne serait-ce qu’une année effective à l’université. Les mesures prises en 2008 pour déceler les ‘‘faux étudiants’’ restent facilement contournables». Et pour cause: malgré le renforcement des obstacles réglementaires, la triche reste est assez facile. «Pour renouveler leur carte de séjour, ces étudiants doivent présenter en préfecture, en début d’année universitaire, des certificats d’assiduité. Mais dans les faits, malgré la centralisation des fichiers, il reste possible de contourner cet obstacle, notamment en redoublant, en s’inscrivant dans une autre fac ou en produisant… un faux», note encore ‘‘France-Soir’’.
Le journal souligne une autre raison de cette défaillance: certaines filières universitaires, qui n’offrent plus aucun débouché professionnel, enregistrent une chute des inscriptions d’étudiants français. Aussi, et fin d’éviter la fermeture pure et simple, et donc la suppression de postes d’enseignants, certaines universités recruteraient en nombre des étudiants étrangers afin de maintenir un certain effectif.
Comme quoi, loin de tarir, le phénomène risque de s’aggraver davantage.
I. B.