Mohamed et Samia Abbou (Courant démocratique) et Sahbi Atig (Ennahdha) se sont clashés, vendredi, en direct, sur Express FM. Déballage de linge sale entre anciens alliés.
Samia Abbou n’a pas apprécié le fait que ses collègues d’Ennahdha aient voté, hier, contre l’Article 167 de la loi électorale, qui devait exclure les figures de l'ancien régime des prochaines élections. Elle a accusé le parti de Rached Ghannouchi d’avoir «fait un pacte avec les symboles de l’ancien régime pour une future entente politique». «Ennahdha a l’habitude de ce genre de pratiques. Ses dirigeants ont recouru au double discours pour gagner les élections du 23 octobre 2011», a-t-elle déclaré. Et de conclure: «C’est une trahison» (traduire: de ses anciens alliés, notamment les députés du Courant démocratique qui ont voté pour cette loi). Offusqué par cette intervention, le président du bloc parlementaire d’Ennahdha, Sahbi Atig, a réagi, par téléphone, à ce qu’il a qualifié d’«accusations infondées». «Si vous voulez parler de trahison, demandez à Mme Abbou comment son époux (Mohamed Abbou, NDLR) a-t-il quitté la prison sous Ben Ali», a-t-il lancé, en faisant allusion aux excuses que ce dernier auraient présentées à l’ancien dictateur. Mais sans répondre sur le fond de l’accusation de Mme Abbou. «J’ai passé 17 ans en prison, et pour rien au monde je n’aurais trahi Ennahdha. Je n’aurais jamais écrit un seul mot d’excuse à un dictateur. Cela m’a valu des années de prison et j’en suis fier et je sais actuellement ce que je vaux», s’est-il vanté. Comme on devait s’y attendre, Mohamed Abbou, qui était visiblement à l’écoute de la station, a pris son téléphone pour demander un droit de réponse aux accusations de Sahbi Atig. Il a expliqué que la demande de grâce a été rédigée par ses avocats et qu’elle ne contenait pas d’excuses. «La grâce a été demandée uniquement dans le but de faire libérer d’autres détenus condamnés à la prison à cause de moi», a-t-il expliqué. Me Abbou a cru devoir rappeler également qu’au temps de Ben Ali, il a défendu les droits de tous les Tunisiens, y compris les islamistes d’Ennahdha, bien que, a-t-il ajouté, certains de ces derniers utilisaient la politique uniquement pour l’argent. «J’ai défendu les islamistes davantage que certains avocats du parti de Rached Ghannouchi. De toute façon, ils seront bientôt tous démasqués», a-t-il menacé, avant de conclure, en s’adressant aux dirigeants d’Ennahdha: «Nous sommes différents, moi je ne joue pas au héros. Pourtant nous avons été plus courageux que vous et vous le savez». Ambiance! Y. N. M. |
{flike}