François Gouyette, ambassadeur de France en Tunisie, vient de confirmer l'achat de 6 hélicos français par la Tunisie, affaire révélée par Kapitalis et dont Mehdi Jomaa évite de parler.
Par Imed Bahri
Kapitalis a évoqué, à deux reprises, cette affaire des 6 hélicoptères français Caracal EC725, d'un coût de 300 millions d'euros, que le gouvernement Larayedh avait commencé à négocier avec la France. Mais alors que le gouvernement s'est confiné dans un silence gêné et que les médias ont fait mine de n'en rien savoir, François Gouyette, ambassadeur de France en Tunisie, vient de le confirmer. Oui les négociations sont en cours, répond-t-il avec prudence!
Question de prêt et taux d'intérêt
A la question de Mosaïque FM, mercredi, à propos de «problèmes dans l'appel d'offres» (évoqués par Kapitalis qui a demandé au chef du gouvernement de clarifier sa position), le diplomate n'a opposé aucun démenti. Il a juste laissé deviner que son gouvernement n'intervient jamais «directement» dans ce genre de négociations.
«Indirectement», il est vrai, ce n'est plus l'affaire d'un ambassadeur. Sauf qu'il a omis de rappeler que des experts du quai d'Orsay avaient déjà débarqué à Tunis pour «convaincre» le gouvernement tunisien d'accepter l'offre française, qui stipule une ligne de crédit pour financer l'achat.
On avait alors vraisemblablement buté sur le taux d'intérêt car les Tunisiens demandaient plus de «souplesse». Mais la question qui se pose est la suivante : a-t-on réellement besoin de ces appareils Caracal au moment où l'opération militaire de nettoyage du Jebel Chaambi des groupes terroristes, exigeant un important mouvement de transport des troupes, est presque terminée, et surtout au moment où les caisses de l'Etat sont vides au point que les pays frères et amis ont dû intervenir pour nous sauver de la banqueroute?
Ce qui est incompréhensible c'est ce silence gêné des autorités et d'une partie des médias. On a dû souffler à nos collègues que c'est une affaire qui touche la sécurité de l'Etat, alors que c'est ''Le Figaro'' qui a ébruité l'affaire, citant des sources proches du Quai d'Orsay! En plus, c'est parce qu'il s'agit réellement d'une affaire qui touche la sécurité du pays qu'il faut en parler avec la franchise et la transparence requises. Y a-t-il anguille sous roche?
Une opération de Com' rondemenent menée
On avait, par ailleurs, bien servi la soupe à son excellence avec des questions bateaux comme si c'est une opération de Com'. Et c'en était visiblement une. Sinon comment expliquer que l'animateur ait passé, comme «par hasard», une chanson de Cheikh Al Ifrit dont, toujours «par hasard», l'ambassadeur connait les mots par coeur. Son excellence en a même rajouté en récitant le texte d'une autre chanson. Trop fort!
Pour le reste de l'interview, pas besoin d'écouter: il suffit de consulter le site de l'ambassade de France. Mais là où son excellence est sorti de sa réserve, c'est lorsqu'il a imputé aux médias tunisiens, sources selon lui de leurs homologues français, la diminution du flux de touristes français en Tunisie.
Aucune responsabilité du gouvernement français et de lui-même lorsque le site web de son ambassade affichait et continue d'afficher une carte de la Tunisie ou le «risque terroriste» est quasi-équivalent à celui prévalant en Libye, sans parler des avertissements qu'envoie régulièrement le consul de France à tous les Français de Tunisie pour les dissuader de voyager à l'intérieur du pays.
Que voulez vous excellence: la liberté d'expression est l'un des rares acquis de la révolution dont nous pouvons encore nous prévaloir! A moins que la France n'ait une autre approche, qui consiste à considérer, par exemple, Rached Ghannouchi comme «un grand démocrate»!
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