Ridha Belhaj, porte-parole du parti islamiste radical Hizb Ettahrir, aime voir des complots partout, mais il se gardera toujours de nommer la partie qui complote.
Par Imed Bahri
Traquer des complots, n’est pas seulement une manie et un hobby chez Ridha Belhaj, c’est aussi un moyen pour détourner l’attention des gens ou les occuper par des guéguerres plus imaginaires que réelles, et qui se passent souvent dans sa tête et dans celle de ses troupes. Bien sûr, le grand Satan, le comploteur suprême, celui qui cherche à détruire les musulmans, ne peut être que l’Occident, ainsi avec un grand O. C’est l’incarnation du mal absolu. Sous cette appellation qui offre l’avantage d’être imprécise et globale, on peut mettre tout ce qu’on veut: les Etats-Unis, les sionistes, le FMI, la Banque Mondiale, l’Union européenne, les intellectuels laïcs, les démocrates progressistes, la gauche prolétarienne, et même, si l’on veut, Nida Tounes et le Front populaire. Cependant, et pour réfuter toute accusation de terrorisme pouvant lui être adressé, sachant que les membres d’Ansar Charia, qui ont tué Chokri Bélaïd, Mohamed Brahmi, les soldats et les agents de l’ordre à Jebel Chaambi et ailleurs, partagent exactement ses idées et agitent sa bannière, Ridha Belhaj va chercher très loin les complices des tueurs. Ce n’est pas lui, ni ses troupes, cela on l’a compris, mais qui sont-ils? Dans une déclaration faite dimanche 18 mai 2014 aux médias, le leader de Hizb Ettahrir a parlé de «parties très influentes sur la scène politique tunisienne, qui sont proches des extrémistes et qui, au gré de leurs intérêts, font appel à ces derniers, le moment voulu, pour intervenir». Content d’avoir découvert un complot (encore un?), M. Belhaj appelle les «parties concernées à enquêter sur le sujet», car il y aurait là, selon lui, «quelque chose de suspect». On ne demandera pas à M. Belhaj de préciser le fond de sa pensée et de nommer la fameuse «partie» qui manipule les extrémistes. Car il ne répondra jamais. On est cependant en droit de nous interroger : de qui parle-t-il? Peut-être des islamistes du parti Ennahdha, ses «frères» ennemis. Car on ne peut pas dire que Nida Tounes, Hamma Hammami, les Etats-Unis ou ces dépravés de laïcs puissent être «proches» des extrémistes...
Illustration: Ridha Belhaj, à l'extrême droite, avec Abou Iyadh, à l'extrême gauche, lors d'un meeting d'Ansar Charia, en mai 2012, à Kairouan. |
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