Les constituants se sont rendus dans certaines régions pour présenter aux électeurs la nouvelle constitution du pays : l'occasion de vérifier leur impopularité croissante.
Par Yüsra N. M'hiri
Les visites étaient programmées aux gouvernorats de Béja, Jendouba, le Kef (nord-ouest), Siliana, Zaghouan (centre) et Gafsa (sud-ouest).
Vendredi soir, les députés, qui devaient se rendre à Jendouba, ont très courageusement décidé d'annuler la visite, après avoir eu vent que les habitants de la région allaient leur réserver un accueil peu chaleureux. Les appels à les dégager avaient, il est vrai, fleuri sur les réseaux sociaux.
Des citoyens surgissent dans la salle de conférence à Gafsa en criant "Dégage!" aux députés venus présenter la nouvelle Constitution (capture d'écran).
A Siliana, Zaghouan et Béja, les rencontres ont été maintenues, mais peu de gens ont fait le déplacement pour échanger avec les députés et parler des avantages qu'offre la nouvelle Constitution. A Zaghouan, à peine une vingtaine de citoyens étaient présents. Ils ont dû être mobilisés par les autorités locales.
Au Kef et à Gafsa, les réunions ont été interrompues par des manifestants qui ont lancé des «dégage» bien sonores aux députés et des slogans hostiles à l'Assemblée, qualifiée de «repaire de voleurs». Ce qui n'est pas exactement un compliment...
«Les problèmes de chômage n'ont pas été résolus. Le peuple meurt de faim. On s'en fiche de votre Constitution qui a tourné le dos aux objectifs de la révolution et vous a permis de vous remplir les poches», dénonçaient les protestataires.
Rappelons que, le 10 mai dernier, la première réunion tenue dans le cadre du «Mois de la Constitution tunisienne», avait aussi tourné au vinaigre, à Sidi Bouzid, l'une des villes berceaux de la révolution. Les députés qui s'étaient rendus dans cette ville, et à leur tête le président de l'Assemblée Mustapha Ben Jaâfar, avaient été dégagés et qualifiés de «traitres et opportunistes».
Il faut dire que l'initiative, qui visait à mieux familiariser les Tunisiens avec leur nouvelle Constitution, était vouée à l'échec. Et pour cause : l'Assemblée a perdu toute crédibilité aux yeux des Tunisiens et les députés ont tout fait pour dégrader leur image aux yeux de leurs électeurs. Et puis, les citoyens sont confrontés aux problèmes du quotidien : insécurité, chômage, cherté de la vie, etc.
Gafsa: des députés dépités mesurent leur impopularité dans le regard de leurs électeurs (capture d'écran).
Ces rencontres, qui coûtent de l'argent au contribuable, sont donc une perte d'argent et d'énergie, au moment où des voix s'élèvent pour exiger la dissolution de l'ANC, estimant que les élus sont surpayés, qu'ils ne les représentent plus et que, de toute manière, leur mission est terminée.
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