Au lendemain de la révolution de janvier 2011, Néjib Chebbi, alors dirigeant du Parti démocratique progressiste (PDP), avait une telle horreur du parti islamiste Ennahdha qu’il a construit la campagne électorale de son parti pour les élections du 23 octobre 2011 sur l’opposition à ce parti, présenté comme l’horreur absolue.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et M. Chebbi et ses camarades d’Al-Jomhouri, nouvelle dénomination du PDP, sont revenus de tous leurs rêves de gloire. Et ils ont mis beaucoup d’eau dans leur vin. S’ils en boivent encore, ce qu’il faudrait vérifier!

Aujourd’hui, M. Chebbi et Al-Jomhouri ne ratent aucune occasion pour essayer d’esquisser un rapprochement avec le parti islamiste et même pour chanter ses louanges. Et il n’est pas difficile de comprendre leurs nouvelles motivations. Si Marzouki a réussi à entrer au Palais de Carthage avec quelque 7.000 voix, alors d’autres vocations pourraient se révéler...

Dans ce cadre, M. Chebbi s’est encore une fois distingué, dans l’émission ‘‘Liman Yajro’ Faqat’’, dimanche 25 mai 2014, sur Ettounsia TV, en faisant un éloge appuyé d’Ennahdha. Il a, en effet, affirmé avoir visité la plupart des régions du pays et constaté de visu l'ampleur de l’implantaton ("inghiras") du parti islamiste dans la réalité sociale de ces régions.

«Il n’y a pas un imadat ou une délégation ou un quartier populaire où les Nahdhaouis ne sont pas présents. Ils sont actifs partout, dans les oeuvres sociales, comme dans les manifestations religieuses et culturelles», a affirmé M. Chebbi, avant de faire cette prédiction, qui sonne presque comme un souhait: «Je pense qu’ils gagneront les prochaines élections législatives et qu’ils arriveront à la première ou à la seconde place».

Seconde place? Derrière Al-Jomhouri sans doute...

I. B.

Illustration: Nejib Chebbi et Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha: ils se sont tant aimés!