Dans son discours à la nation, diffusée ce soir par la chaîne publique Tunis 7, le président Zine El Abidine Ben Ali a annoncé «un changement profond et global», conforme aux attentes des Tunisiens.
«Je vous ai compris et j’ai saisi la portée du message que vous avez voulu m’adresser, et notamment votre besoin de liberté», a dit le chef de l’Etat.
«Ce qui se passe ne nous ressemble pas. La violence n’est pas dans nos mœurs. Nous devons mettre la main dans la main pour rétablir le calme et la sécurité», a dit le président, en affirmant avoir beaucoup souffert face à l’ampleur des événements. «Ma tristesse est profonde. J’ai travaillé 50 ans au service de la Tunisie. J’ai fait des sacrifices. Et je n’accepte pas que le sang d’un seul Tunisien soit coulée», a-t-il ajouté, en attribuant les actes de dégradation et de vandalisme enregistrés ces derniers temps à des «bandes de délinquants (mounharifine)».
Il n’est donc plus question, comme dans ses précédentes allocutions et dans les commentaires des médias officiels ces derniers temps, de «terroristes» et de «parties hostiles qui envient les succès de la Tunisie.»
Le président, qui a parlé en dialectal tunisien – pour la première fois depuis son accession au pouvoir il y a 23 ans, et c’est là un geste symbolique très fort –, a interpelé les Tunisiens: «Halte à la violence. Plus de recours aux balles. Cela est inacceptable, sauf en cas d’extrême nécessité et d’autodéfense.»
Pour soulager les classes populaires, très affectées par la crise économique et la hausse des prix, le Chef de l’Etat a annoncé aussi avoir donné des instructions au Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, afin de «faire baisser les prix des produits de première nécessité: le sucre, le pain, le lait, etc.»