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La stratégie d'Al-Jomhouri, portée par un unique objectif, qui est de placer Néjib Chebbi au Palais de Carthage, risque d'être sanctionnée par un triple échec. Analyse...

Par Imed Bahri

Le Parti républicain (Al-Jomhouri) ne cesse d'esquisser des alliances politiques. Et de les rompre aussitôt, tout en continuant de sombrer dans les profondeurs des sondages. Evaluée à l'aune des résultats, cette stratégie du zigzag permanent peut être qualifiée de contre-productive.

Al-Jomhouri a cofondé, avec des partis libéraux-démocrates et de centre-gauche, l'Union pour la Tunisie (UPT), puis le Front du salut national (FSN), dans le but de faire face aux dérives de la Troïka, l'ex-coalition au gouvernement dominée par le parti islamiste Ennahdha, mais le parti n'a pas tardé à quitter ces deux «coalitions» ou «fronts» où il n'a pas pu jouer le rôle qu'il a cru pouvoir s'y attribuer.

Entretemps, le parti a perdu beaucoup de ses députés, qui ont démissionné, rejoint ou créé d'autres formations. C'est le cas, notamment, de Mehdi Ben Gharbia, Mohamed El-Hamdi, Mahmoud Baroudi et autres Moncef Cheikhrouhou (excusez du peu !), qui ont fondé l'Alliance démocratique.

Dans les sondages, le parti et son leader sont souvent crédités de scores «poussières». Mais, en continuant de s'agiter, comme pour faire parler d'eux à n'importe quel prix, M. Chebbi et ses camarades multiplient les appels du pied en direction de petites formations centristes dans l'espoir de les rallier pour se renforcer. Ils cherchent aussi, dans le même temps, à améliorer leurs relations avec les islamistes d'Ennahdha, leurs irréductibles adversaires d'hier, et à se positionner, vis-à-vis d'eux, comme des alliés possibles en perspective des prochaines élections présidentielle et législatives. Le «tartourisme», on le sait, est une maladie qu'attrapent tous ceux qui, sur la scène politique tunisienne, n'ont pas les moyens de leurs ambitions.

Nejib-Chebbi-Rached-Ghannouchi

Néjib Chebbi remplacera-t-il Moncef Marzouki dans le coeur de Rached Ghannouchi? 

Dernier épisode dans ce feuilleton que l'on pourrait intituler ''La Bougeotte'', 8 députés d'Al-Jomhouri se sont retirés officiellement du Bloc parlementaire démocratique, comme l'a annoncé, vendredi, la première vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Maherzia Laabidi.

Il s'agit de Ahmed Néjib Chebbi, président du parti, Maya Jribi, secrétaire générale, Issam Chebbi, porte-parole, Kais Mokhtar, Slaheddine Zahaf, Rabah Khrayfi, Iyad Dahmani et Mahmoud Al-May. «Les députés du Parti républicain avaient déposé, il y a deux semaines, une demande en ce sens, auprès du bureau de l'ANC», a précisé Issam Chebbi.

C'était, souvenons-nous, au lendemain du clash qui opposé Iyad Dahmani et Issam Chebbi et d'autres députés du Bloc démocratique à propos de la motion de censure adressée aux ministres Amel Karboul (Tourisme) et Ridha Sfar (Sûreté). Mais ce clash n'était qu'un épisode dans une longe série de divergences mettant souvent les camarades de Néjib Chebbi en porte-à-faux par rapport aux positions exprimées par leurs collègues des autres partis représentés dans le Bloc démocratique.

Mme Laabidi n'a pas précisé quel bloc parlementaire les députés d'Al-Jomhouri vont-ils rejoindre. Quoique leurs positions actuelles les rapprochent de plus en plus d'Ennahdha, du Congrès pour la République, du Wafa et même du Courant de l'Amour. Au rythme où vont les choses, on ne s'étonnera pas de voir, bientôt, M. Chebbi et ses camarades jouer les utilités dans une coalition de centre-droite conduite par Ennahdha.

La stratégie du parti, portée par un unique objectif, qui est de placer Néjib Chebbi au Palais de Carthage, risque d'être sanctionnée par un triple échec : rater Carthage, tout en passant à côté du Bardo et de la Kasbah. Wait and see...

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