Mrzouki-Sissi-Banniere

L'attitude de Marzouki vis-à-vis de l'Egypte et de Sissi ressemble à un suicide politique programmé. Car, quand on est à la tête de l'Etat, les erreurs se payent cash.

Par Imed Bahri

Alors que notre ministre des Affaires étrangères tente de sauver la mise en assistant à l'investiture du nouveau président égyptien, Moncef Marzouki persiste à jouer au Don Quichotte en refusant de tenir la perche qui lui a été tendue.

En effet, les services de la présidence ont fait savoir qu'il y a bien eu une invitation en bonne et due forme du gouvernement égyptien à l'adresse du président provisoire de la République. Mais l'hôte du Palais de Carthage compte bien snober la cérémonie d'investiture du maréchal Abdelfattah Sissi, nouvel homme fort de l'Egypte.

L'Egypte reprend sa place

Dans une situation normale, cela aurait été interprété juste comme un signe d'agacement politique, surtout que nos relations diplomatiques avec ce pays frère, même si elles ne sont pas au beau-fixe, n'en sont pas moins normales. La preuve, l'Egypte, dont la politique étrangère a toujours été gérée par des diplomates chevronnés, n'a pas hésité à inviter notre président, aussi provisoire qu'il est, et malgré ses déclarations hostiles au nouveau pouvoir au Caire, à assister à cette cérémonie.

Les vraies relations d'Etat à Etat ne doivent nullement souffrir de considérations politiciennes, et encore moins idéologiques. Mais il semble que Marzouki est toujours aussi mal conseillé, quand il est prêt à écouter les conseils. Mais le plus grave, c'est qu'il ne semble rien comprendre à ce qui se passe actuellement autour de nous.

En effet, quelques heures à peine après l'annonce de la victoire de Sissi, le puissant roi de l'Arabie Saoudite a adressé au maréchal égyptien un message d'un contenu inhabituel où il est question de «plan Marchal» pour le pays des pharaons qui peut créer, selon les experts 20 millions d'emplois et booster l'économie égyptienne mise à mal par son «printemps arabe».

Rappelons que le royaume d'Arabie saoudite et les autres Emirats du Golfe ont déjà fait preuve de générosité à l'égard de ce pays, en lui renflouant les caisses avec une aide urgente de 11 milliards de dollars, 5 fois plus que l'aide annuelle que lui verse les Etats-Unis.

Le roi Abdallah déclare, dans son message, comme ennemi de l'islam et de l'arabité ceux qui soutiennent les Frères musulmans contre l'Etat égyptien et Marzouki n'a pas cessé un instant de le faire, risquant même d'entraîner notre pays dans une spirale de confrontation avec ce pays frère.

Le souverain saoudien a aussi clairement signifié dans ce message que «toucher à l'Egypte, c'est toucher le royaume de l'Arabie saoudite et cela est un principe non négociable quelles que soient les circonstances».

D'un autre côté, Poutine s'est empressé de féliciter le président égyptien sachant que des négociations continuent entre les deux pays pour des contrats d'armes faramineux qui seront probablement honorés par les monarchies du Golfe. Selon Abdel-Bari Atwan, souvent très au fait des informations des coulisses, l'axe réunissant les monarchie du Golfe comprend aussi le Maroc et certains observateurs avaient fait le lien entre cela et la visite du roi du Maroc en Tunisie. Si l'on ajoute l'axe Alger-Le Caire, que nous avons évoqué dans un article précédent, notre pays n'a plus le choix que de se positionner intelligemment et ne pas risquer de s'isoler, surtout à travers des déclarations irresponsables et des actions non calculés.

Marzouki isole la Tunisie

L'attitude et les déclarations Marzouki, ressemblent plus à un suicide politique programmé. Ce que l'auteur du ''Livre noir'' n'a pas compris, c'est qu'en politique, surtout quand on est à la tête de l'Etat, les erreurs se payent cash et Marzouki, à force de jouer au pyromane, va finir par se brûler les doigts.

Don Quichotte prenait les moulins pour des ennemis et se lançaient contre eux pour les abattre, mais s'attaquer à l'Egypte de Sissi, quel que soi le jugement qu'on porte sur ce régime, c'est s'attaquer à la nouvelle alliance qui s'est déjà dessinée.

N'a t-on pas compris que derrière les événements d'Egypte se profile aussi l'ombre des Etats-Unis, qui ont décidé de clore la saison du «printemps arabe»? Printemps est un mot d'ailleurs bien choisie, car il ne dure pas et ce n'est qu'une parenthèse, comme le fameux «printemps de Prague». Game is over, une nouvelle page s'ouvre sur tous les pays du monde arabe y compris et surtout le nôtre.

Si vous voulez vous suicider sur les murailles du Caire, faites le tout seul Monsieur le Président, car les peuple tunisien a toute la vie pour lui et il continuera à aimer l'Egypte, sa musique, ses arts, ses films et son Histoire, car ne l'oubliez pas, ce sont les califes fatimides tunisiens qui ont construit le Caire et Al-Azhar.

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