Le vent a tourné. La Tunisie est à l’orée d’une ère nouvelle. Les opportunistes d’hier, qui ont mangé dans les râteliers de l’ancien régime, prennent d’assaut les chaînes satellitaires pour se racheter une virginité. Vigilance…


Mezri Haddad pérore sur les chaînes satellitaires arabes et les radios françaises, racontant les soi-disant discussions qu’il aurait eues au téléphone, jeudi soir et vendredi matin, avec l’ex-président Ben Ali et les conseils qu’il aurait donné à ce dernier. Informations, bien sûr, invérifiables et qu’il sert comme pour se dédouaner d’avoir servi la soupe, des années durant, au défunt régime.
Autre problème : la voix discordante de M. Haddad s’est fait entendre un peu trop tardivement, lorsque la chute du régime était déjà largement consommée.

Les girouettes professionnelles 
L’ex-représentant de la Tunisie à l’Unesco, opportunément démissionnaire, le jour même de la chute de son maître, ne sait pas ou feint d’ignorer que les Tunisiens, qui ont donné une leçon de courage et de dignité au monde entier, reconnaitront les leurs. Ils sauront débusquer les ingrats et les lâches parmi leurs compatriotes et les mettront hors d’état de nuire.
Ce message n’est pas adressé au seul Mezri Haddad, mais à tous ceux qui, aujourd’hui, prennent d’assaut les télévisions et les radios et proposent leurs ferveurs révolutionnaires retrouvées, essayant de se refaire une virginité politique, après avoir longtemps profité des largesses d’un système qu’ils ont servi, jusqu’au dernier jour, avec un zèle opportuniste renouvelé…  
Ces girouettes professionnelles qui mordent aujourd’hui la main dans laquelle ils ont longtemps mangé, et qui refont aujourd’hui surface pour mentir effrontément, tablent sur l’amnésie des Tunisiens. Mais qu’ils se rassurent: les Tunisiens intègres, qui ont souffert sous le système de Ben Ali, seront là pour ressortir, au moment opportun, les vieux dossiers pour rafraîchir les mémoires un peu trop oublieuses.
Qu’on nous comprenne bien: il n’est pas question de lancer une chasse aux sorcières. Mais chaque Tunisien, quel qu’il soit, devra rendre compte de ses alliances anciennes, des dividendes qu’il en a tirés et des méfaits qu’il a commis en s’acoquinant avec les symboles de l’ancien régime.
Ces lèche-bottes, toujours prêt à se mettre à quatre pattes devant le maître du moment, et qui ont fait tant de mal aux Tunisiens, en contribuant au renforcement de l’une des dictatures les plus féroce de ce temps, ne pourront pas se racheter une conduite. Par leur vigilance, les Tunisiens intègres les empêcheront de reprendre du service dans la nouvelle Tunisie.

R. K.