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Avec Rached Ghannouchi, il suffit de gratter un peu pour retrouver les Frères musulmans, Abou Iyadh, Ansar Charia, Jihat Ennosra, Daach et tutti quanti.

Par Imed Bahri

En fait, avec l'islam politique, tout est affaire de degré, et le chef des islamistes tunisiens a beau chercher à se présenter sous un visage avenant, en jouant les grands démocrates, il reste, lui et ses troupes, foncièrement extrémistes et hostiles à la démocratie.

D'ailleurs, dès qu'ils se retrouvent entre eux, les dérapages deviennent nombreux. On se souvient de la réunion secrète, en 2012, de Ghannouchi avec les jeunes salafistes au cours de laquelle il a dit que «la police n'est pas garantie, pas plus que l'armée, l'administration ou les médias», conseillant à son auditoire de retarder l'assaut final et de le préparer en organisant la «daawa» (prosélytisme religieux) à travers tout le pays.

Dans un discours prononcé aujourd'hui au Grand Hôtel d'El Menzah, à Tunis, à l'occasion du 33e anniversaire d'Ennahdha, le fondateur et président de ce parti nous a gratifiés d'un nouveau dérapage comme il en a le secret. Car, selon lui, la vraie bataille, aujourd'hui, est celle qui oppose les démocrates... non pas aux terroristes, mais à... la police, aux médias et à ceux qui contrôlent l'administration!

On croit rêver, on se frotte les oreilles, on écoute, on réécoute... A-t-il bien dit cela?

S'il voulait faire monter d'un cran la haine des extrémistes religieux, et notamment des salafistes jihadistes d'Ansar Charia, contre les élites politiques et les responsables du pays, Rached Ghannouchi n'aurait pas dit autre chose.

Ennahdha-30eme-anniversaire

A l'occasion de son 33e anniversaire, Ennahdha lance une campagne contre... la police, les médias et l'Administration!

Jugeons-en : «La bataille n'est pas aujourd'hui entre l'islam et la laïcité, mais la vraie bataille c'est celle qui oppose la démocratie et la dictature, le peuple qui veut se libérer et une élite ou une bande qui le réprime en se servant de la police, des médias et du monopole de l'Administration et de toutes les richesses du pays». (Ecouter le podcast sur Shems FM)

En lançant cet appel au meurtre du «taghout», comme un vulgaire salafiste jihadiste, Rached Ghannouchi était entouré de toute sa «bande» : Ali Larayedh, l'ancien ministre de l'Intérieur et ex-chef du gouvernement, qui a laissé prospérer le terrorisme islamiste dans le pays, Noureddine Bhiri, l'ancien ministre de la Justice, qui a utilisé la justice pour réprimer les journalistes, les artistes et les intellectuels et pour faire libérer les apprentis terroristes, Abdellatif Mekki, ancien ministre de la Santé, et le député Walid Bannani, entre autres faucons du parti islamiste.

Ceux qui s'attendaient à ce que Rached Ghannouchi déclare que la bataille, aujourd'hui, oppose les citoyens tunisiens épris de paix et de stabilité aux extrémistes religieux, qui multiplient les assassinats et les attentats sanglants dans le pays, en ont eu pour leur frais.

Ghannouchi et Ennahdha sont des démocrates? Difficile de croire qu'il y a encore des gens intelligents pour le penser encore.

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