Que les islamistes aient une place dans la Tunisie de demain, cela est dans l’ordre (démocratique) des choses. Il est normal que ce mouvement, qui a subi le plus durement les atrocités de l’ancien régime, soit réhabilité et retrouve sa place naturelle sur l’échiquier politique. Mais que les oiseaux de mauvais augure se taisent: les Tunisiens sont assez mûrs pour savoir ce qui convient le mieux à leurs intérêts. Et il est peu probable qu’ils confient un jour leur destin aux islamistes. Il suffit, à cet égard, de se rappeler des slogans agités par le mouvement ayant chassé Ben Ali du pouvoir pour avoir la certitude de la portée démocratique et libérale de ce mouvement.
Ben Ali a agité, 23 ans durant, l’épouvantail islamiste pour justifier la chape de plomb qu’il a posé sur un peuple pacifiste, progressiste, épris de liberté et de justice. Cet épouvantail, longtemps agité aussi par les idéologues du régime et ses porte-voix, à l’intérieur et à l’extérieur, tous grassement payés du reste, n’effraie plus personne aujourd’hui dans cette Tunisie unie et solidaire, et qui goûte aujourd’hui à l’ivresse de la liberté retrouvée.
Les islamistes auront sans doute une place dans la Tunisie démocratique et libérale de demain, mais juste la place que leur donneront les urnes. Tâchons seulement pour que celles-ci soient, pour la première fois dans l’histoire du pays, la juste expression de la volonté souveraine de tous les Tunisiens.
Ridha Kéfi