Les islamistes ont de la suite dans les idées: ayant gagné les précédentes élections sur le thème de l’identité, ils nous le ressortent à l’approche des prochaines élections.
Dans un entretien, mardi, à Shems FM, le président d’Ennahdha Rached Ghannouchi nous renvoie une trentaine d’années en arrière pour régler (encore?) ses vieux comptes avec le leader nationaliste, libérateur de la Tunisie et architecte du modèle social tunisien, l’ancien président Habib Bourguiba. Selon Ghannouchi, le peuple tunisien a un problème avec son identité. A l’appui de son affirmation, il rappelle la très vieille boutade de Bourguiba, quand, en 1962, ce dernier avait demandé aux Tunisiens de travailler dur pour construire leur pays, quitte à ne pas jeûner pendant ramadan si cela devait diminuer leur productivité. «Bourguiba a une conception particulière de l’islam, il croit que l’on peut le transformer comme de la pâte à modeler», a dit Ghannouchi, qui, on l’a compris, préfère un islam figé définitivement dans les dogmes des «salafs», celui des pionniers et des fondateurs. Le chef d’Ennahdha a ajouté que «l’islam et la langue arabe ont été marginalisés durant l’ère Bourguiba», avant de conclure: «On ne pourra pas nier l’existence d’une crise d’identité chez un peuple qui ne parle pas sa langue». Les Tunisiens, et surtout les élites progressistes ne devraient pas tomber de nouveau dans le piège du débat sur l’identité: les Tunisiens sont fiers de leur arabité, de de leur islamité et, plus encore, de leur «tunisianité», que ces enturbannés formés aux écoles du salafisme wahhabite ne comprendront jamais. Ce sont les islamistes, ces «étranges étrangers», parlant comme des présentateurs d’Al-Jazira, qui ont un problème d’identité : ils n’appartiennent pas à notre peuple, dont ils ne partagent ni les traditions, ni la culture ni le style de vie. Ils veulent transformer ce peuple en disciples des talibans, adorateurs d’Oussama Ben Laden et grands jihadistes devant l’Eternel. I. B. |
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