Notre confrère Samir Gharbi appelle ici à la création d’un collectif, dont la mission consiste à veiller à la sauvegarde de la Révolution du Jasmin, en servant de contre-pouvoir infaillible. Par Samir Gharbi


Les jeunes et les moins, les laissés pour compte, ont tous manifesté et ont bravé la police au risque de leur vie. Ils ont obtenu gain de cause: la chute de Ben Ali, mais pas encore de son régime (les hommes qui l’ont servi sont encore au pouvoir).

Démocratie, liberté, justice et laïcité
C’est pourquoi j’appelle ces jeunes et moins jeunes à s’organiser pour créer un Collectif de la sauvegarde de la Révolution du Jasmin (décembre 2010-janvier 2011) à la mémoire de toutes les victimes – les martyrs – de la Tunisie nouvelle.
Ce collectif est appelé à devenir une institution légale, sous forme d’association. Avec pour objectif de servir comme un contre-pouvoir infaillible: ne pas laisser la victoire – et ses fruits: liberté, laïcité, indépendance, justice, égalité – lui échapper. Car les hommes de l’ancien régime et les hommes des partis d’opposition – qui n’ont pas bougé un orteil lors de la Révolution – tentent depuis le 14 janvier de récupérer la victoire, de confisquer le pouvoir. Ils sont aidés en cela par le «vide», absence de leadership de la Révolution.
Le collectif devra être créé à partir de la base: les jeunes, les étudiants, les syndicalistes, les avocats, les artistes, les chômeurs, etc., tous ceux qui ont participé aux manifestations de la victoire devront se regrouper – dans leur quartier, dans leur ville – pour créer un comité de base. Ils se connaissent nécessairement et éviteront ainsi l’adhésion de membres «étrangers» à leur lutte. Ces comités de base, une fois formés, devront se faire connaître – par des moyens électroniques – afin de se retrouver à Tunis dans une «assemblée constitutive» du Collectif national.
Cette assemblée constitutive écrira les statuts: mission, objectifs, moyen, leadership. Elle se fera connaître – et s’imposera pacifiquement – au nouveau pouvoir quel qu’il soit. Elle veillera au respect de quelques valeurs: démocratie, liberté, justice, laïcité... Elle ne devra pas participer au pouvoir, mais devenir un contre-pouvoir. Ce qui n’exclut pas que des jeunes issus du Collectif, formés et aguerris, pourront un jour participer à l’alternance politique.

Eviter la récupération par les pouvoirs en place
Je propose cette solution de sortie de crise, sans avoir moi-même eu l’honneur de participer à ce mouvement populaire (étant à l’étranger et plus très jeune), car j’ai en mémoire les manifestations populaires du passé (février 1978, décembre 1983-janvier 1984, Redeyef, etc.). Toutes ces manifestations ont été vite récupérées par les pouvoirs en place: le peuple est retourné au travail «comme d’habitude», et le régime a fait machine arrière...
Il faut donc absolument éviter un retour en arrière, une confiscation de la Victoire populaire par des partis politiques sclérosés qui ne cherchent que des fauteuils ministériels.
Vive le Peuple, sans lui rien n’est possible !