Ghannouchi-entretien-France-24La proposition d’Ennahdha d'engager des concertations pour choisir un candidat consensuel à la prochaine élection présidentielle a suscité de nombreuses critiques.

Le mouvement Ennahdha a proposé, jeudi, d'engager des concertations pour choisir un candidat consensuel à la prochaine élection présidentielle.

Lors d'une conférence de presse, jeudi à Tunis, Ali Larayedh, membre du bureau exécutif d'Ennahdha, a indiqué que le mouvement entamera des contacts avec les partis, les organisations et les personnalités nationales pour des concertations. Mais cette proposition a été rejetée par tous les partis dont le probable candidat à la présidentielle a peu de chance de recueillir le consensus en question.

«Cette proposition est contraire aux principes démocratiques», a estimé, jeudi, Ettakatol, dont le probable candidat, Mustapha Ben Jaâfar, aura sans doute du mal à receuillir le consensus en question.

Le porte-parole de ce parti, Mohamed Bennour, a affirmé, dans une déclaration à l'agence Tap, que le choix du futur président de la république doit se faire à travers un scrutin libre et transparent.

Cet avis est partagé, on l’imagine, par le secrétaire général du Congrès pour la République (CpR), Imed Daimi, qui a qualifié la proposition d'Ennahdha de «contraire à l'esprit de la démocratie» dont l'une des principales conditions est de garantir le droit d'éligibilité pour tout citoyen.

«Cette proposition vient confisquer le droit des Tunisiens à choisir leur candidat favori», a-t-il ajouté. Elle vient, surtout, confirmer qu’Ennahdha est à la recherche d’un autre locataire du Palais de Carthage à la place de Moncef Marzouki, président d’honneur du CpR.

Le porte-parole du Parti républicain (Al- Joumhouri), Issam Chebbi, a affirmé, de son côté, que la proposition d'Ennahdha vise à «limiter le rôle du futur président» afin qu'il demeure «l'otage des partis politiques».

«Le prochain président devra être élu de manière libre et directe et non pas choisi de manière consensuelle», a-t-il soutenu lui aussi.

«L'élection du président doit être le réel reflet de la volonté du peuple», a-t-il relevé, dans une déclaration à la Tap, sachant que le probable candidat d’Al-Jomhouri, Néjib Chebbi, multiplie les appels du pied en direction d’Ennahdha pour avoir son soutien en perspective de la prochaine présidentielle, soutien que la dernière proposition du parti islamiste risque de torpiller.

Le dirigeant du Front populaire, Mongi Rahoui, a qualifié l'initiative d'Ennahdha d'«appât» et d'«opération de séduction» visant les personnalités politiques qui convoitent le Palais de Carthage.

«Le mouvement Ennahdha veut reproduire l'ancienne procédure qui a abouti à l'élection d'un président de la république sans réelles prérogatives», a-t-il ajouté dans une déclaration à la Tap, par allusion à l’actuel président provisoire Moncef Marzouki.

Le consensus évoqué par le mouvement Ennahdha est «surréaliste» et ne sert pas l'intérêt général du pays, a-t-il conclu.

I. B. (avec Tap).

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