La visite de Jomaa à Bruxelles n'a pas été suivie de grandes annonces. Elle visait à apporter une nouvelle image de la Tunisie aussi bien pour les Européens que pour les Tunisiens.
Par Wajdi Khalifa, correspondant à Bruxelles
La visite Mehdi Jomaa aux institutions européennes était attendue depuis sa prise de fonction en janvier dernier. Le chef du gouvernement provisoire est venu à Bruxelles, accompagné d'une forte délégation, pour jouer les VRP dans la capitale de l'Europe et vanter le modèle de «start-up démocratique» que serait devenue la Tunisie.
Avant de visiter les institutions européennes, M. Jomaa a rencontré son homologue belge, Elio Di Rupo.
La Tunisie et la Belgique célèbrent cette année les 175 années de la signature des premiers accords de commerce et de navigation entre les deux pays. Malgré les différents effets d'annonce, la conversion des dettes de la Tunisie envers la Belgique en projets de développement n'est toujours pas effectif. Et pour cause, le gouvernement belge actuel est en affaires courantes, il ne peut donc pas prendre la décision de convertir la dette tunisienne, même si des membres de la délégation tunisienne affirment (on ne sait trop pourquoi) le contraire.
Dans une déclaration à Kapitalis, Christopher Barzal, porte-parole du ministre belge de la Coopération au développement, précise que «l'accord de principe est scellé mais il appartiendra au prochain gouvernement issu des négociations actuelles de l'entériner». Rien n'est donc acquis, même si on peut estimer qu'il n'y a pas de raison pour que le prochain gouvernement revienne sur cette décision.
Mehdi Jomaa vante la "start up démocratique" à Elio Di Rupo.
Mehdi Jomaa a aussi rencontré le président de la Commission européenne, le portugais José Manuel Barroso. Ce dernier a salué «les progrès de la transition tunisienne et le caractère inclusif du dialogue national qui a permis l'adoption de la Constitution», avant de rappeler que «la clef du succès de la transition démocratique réside aussi dans la capacité d'améliorer la situation économique et sociale et de relancer l'emploi (surtout des jeunes) avec des politiques à moyen et long terme».
Le président de la Commission européenne a conclu en précisant que «le Partenariat Privilégié mis en œuvre par un nouveau Plan d'action jusqu'en 2017 offre une feuille de route globale et ambitieuse pour accompagner la Tunisie dans son processus de transition démocratique et de développement économique et social».
Mehdi Jomaa a, de son côté, invité le président de la Commission européenne à la Conférence des Amis de la Tunisie, en septembre prochain, ce qui a créé un léger malaise dans la mesure où le mandat de Manuel Barroso s'achève fin août prochain et que les négociations sont en cours pour lui trouver un successeur. M. Jomaa aurait dû, tout de même, s'informer sur les affaires de Bruxelles avant de se hasarder à lancer des invitations.
Le Premier ministre, qui ne s'est pas rendu compte de sa bourde, a poursuivi en précisant que sa volonté était de respecter les différentes échéances prévues par la feuille de route afin de garantir la réussite du processus démocratique en Tunisie. Il a qualifié les relations tuniso-européennes de «très bonnes» et précisé que «si la Tunisie comptait avant tout sur elle-même, elle comptait également sur le soutien de l'Union européenne qui accapare 80% de ses échanges commerciaux».
Le marathon des rencontres avec les officiels de l'Union européennes s'est poursuivi avec celle du président de Conseil européen, le belge Herman Van Rompuy. La discussion entre les deux responsables politiques a permis de passer en revue les différents axes de coopération, et notamment la future négociation d'une série d'accords en matière de libre échange, d'aviation civile et de partenariat de mobilité.
Jomaa invite Manuel Barroso (sur le départ) à la Condérence des "Amis de la Tunis", en septembre à Tunis.
Les menaces sécuritaires et la situation régionale (spécialement en Libye) étaient également à l'ordre du jour de cette rencontre. En conclusion, Herman Van Rompuy a salué «l'exemplarité du processus démocratique en Tunisie sous la conduite de Mehdi Jomaa» avant de réitérer le soutien indéfectible de l'UE à ce processus.
La visite de Jomaa à Bruxelles n'a donc pas été suivie de grandes annonces, mais à voir l'équipe de communication accompagnant le Premier ministre tunisien, il semble évident que le but premier de ce déplacement à Bruxelles était d'apporter une nouvelle image de la Tunisie aussi bien pour les Européens que pour les Tunisiens.
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