Le Congrès pour la République (CpR) s'agite comme il peut et joue le dernier quart d'heure d'une partie pour laquelle il n'a jamais été préparé.
Par Marwan Chahla
Sans programme, sans compétence, doué d'une arrogance sans limite, avide de pouvoir et passé maître dans l'art des erreurs commises et de la récidive sans-gêne, le parti de Moncef Marzouki, le président provisoire de la République, se débat comme il peut, à quelques mois des prochaines échéances électorales, pour sauver une crédibilité qu'il n'a jamais eue.
Les dirigeants CpRistes se sont mobilisés, jeudi 10 juillet 2014, pour dénoncer le «complot» de ceux qui souhaitent qu'il y ait un léger report, d'un ou de deux mois, des dates des scrutins législatif et présidentiel, de façon à offrir aux électeurs tunisiens de meilleures conditions de vote.
Pour les Imed Daïmi, Slim Ben Hmidane et Tarek Kahlaoui, il n'y a pas lieu, par exemple, de reporter la clôture de l'inscription sur les listes électorales et accusent ceux qui appellent à ce qu'il y ait prolongation de cette opération de «sabotage» et d'«attitude contre-révolutionnaire».
Des polémiques en guise d'idées
Bref, il semble que le CpR a résolument pris le parti, en lieu et place de la confection d'un programme électoral en bonne et due forme, de faire campagne sur des petits thèmes improvisés, sur des polémiques et des controverses... Rien, donc, de bien intéressant ou d'enrichissant pour le débat national.
Imed Daïmi l'ex-Nahdhaoui, ami des extrémistes religieux.
Imed Daïmi, le secrétaire général du parti du locataire provisoire du Palais de Carthage, a dénoncé les positions de Nida Tounes, du Front populaire (FP) et tous ceux qui ont appelé à prolonger la période de l'inscription sur les listes électorales de façon à ce qu'il y ait une mobilisation optimale des citoyens en âge de voter. Pour lui, ce report contreviendrait à l'esprit et la lettre du texte constitutionnel: «C'est une attitude irresponsable de dirigeants politiques (nidaïstes et frontistes, NDLR) qui, Dieu merci, ne représentent qu'une minorité. Malheureusement, ces gens-là peuvent être très peu nombreux mais ils ont été capables de causer beaucoup de bruit et ils peuvent également perturber le processus électoral».
Très vite, M. Daïmi a enchaîné, dans son intervention, par la dénonciation du piratage du site de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) et le blocage de son système d'inscription électronique suite à cette cyber-attaque, créant ainsi la confusion (ou l'amalgame voulu) entre le report demandé par les nidaïstes et les frontistes et ces opérations de sabotage dont est victime le système informatique de l'Isie. L'intention de nuire au front démocratique semble claire, sachant que le groupe de hackers auteur de l'attaque, les Fallagas, est réputé proche d'Ennahdha et du CpR.
Imed Daïmi, manipulateur maladroit, s'affole et tente, insidieusement, de communiquer sa peur et de faire passer son message: «Il y a un danger sérieux, dit-il. Cette attaque électronique qui coïncide avec ces critiques non-stop, depuis quelques jours, contre la crédibilité de l'Isie, contre le processus électoral et contre les dates de ces échéances électorales. Tout cela est inquiétant. Tout cela fait partie d'une offensive visant à faire échouer l'opération électorale, d'une attaque en règle contre le processus électoral dans notre pays...»
L'insulte facile
Cette idée de complot est reprise par les autres caciques CpRistes. Slim Ben Hmidane, l'ancien ministre des Domaines de l'État et des Affaires foncières dans les gouvernements Troïka 1 et 2, n'y est pas allé par quatre chemins: pour lui, «ces contre-révolutionnaires (Nida Tounes et Front populaire, NDLR) n'ont toujours pas baissé les bras et ce sont les élections qui auront définitivement raison d'eux. A mon avis, c'est ce qui les pousse à agir comme ils le font: tout simplement, ils craignent l'épreuve des urnes. Ils continueront à jouer les trouble-fête. Mais les élections les enterreront».
M. Ben Hmidane ne se prive d'ajouter à l'offense la pire des insultes: «Ces comploteurs (nidaïstes et frontistes, NDLR), parce qu'ils sont en désespoir de cause, sont capables de s'allier avec Satan. Et Satan, aujourd'hui en Tunisie, c'est le terrorisme».
Voilà où nous en sommes aujourd'hui en Tunisie, au terme de trois années et demie de Révolution et d'apprentissage démocratique. Lorsque des dirigeants réactionnaires, comme les CpRistes, qui se sont toujours affichés aux côtés des chefs terroristes, sont incapables de convaincre par les idées brillantes, la compétence, l'intelligence et les réalisations, et qu'ils savent au fond d'eux-mêmes que les prochains scrutins ne leur feront pas de cadeau, ils choisissent de recourir aux mensonges, aux fausses accusations et autres subterfuges pour cacher leurs carences et leurs tares innommables, qui ont déjà coûté très cher à la Tunisie et au peuple tunisien.
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