Les dégâts provoqués par les récents évènements sont considérables. Les assurés s’inquiètent et ne savent pas encore si les assurances vont couvrir leurs pertes. Rachid Ben Jemiâ, Pdg des Assurances Comar, répond aux questions de Kapitalis à ce sujet.


Kapitalis : Que diriez-vous pour rassurer les assurés ?
Rachid Ben Jémiâa:
C’est complexe. Ces dommages soit d’incendie ou de casse peuvent toucher deux catégories de biens. D’un côté, les voitures et de l’autre, les commerces, les usines et les complexes industriels.
Pour ce qui est des voitures, l’assurance incendie n’est pas obligatoire. Ce qui est obligatoire, c’est uniquement la responsabilité civile. C’est-à-dire, les dommages matériels ou corporels que les voitures peuvent causer aux tiers. La garantie incendie est une garantie facultative pour la voiture que l’assuré peut souscrire ou non. Quand cette garantie facultative est accordée, encore faut-il qu’elle soit aussi étendue à une autre garantie facultative qui est les dommages subis par la voiture assurée suite à des émeutes ou mouvements populaires.
Pour ce qui est de la Comar, nous avons toujours assuré systématiquement. Ce qui n’est pas obligatoire au premier degré des incendies de voiture et on a automatiquement étendu les garanties aux émeutes, un autre degré d’extension. Quand on a assuré l’incendie, nous incluons directement les émeutes.

Ceci est pour les voitures, mais pour les biens !
Oui. Pour les usines, les ateliers, les magasins… et je ne parle pas ici des appartements, villas et autres propriétés, il y a, en Tunisie depuis 1980 – à l’époque de Mansour Moalla, le ministre des finances –, une obligation de l’assurance incendie pour les biens industriels, commerces et ateliers. Mais, en dehors des usines qui sont pratiquement toutes assurées, malheureusement les ateliers, les magasins et les boutiques sont rarement assurés contre l’incendie.

Pourquoi les gens ne le font-ils pas?
Tout simplement, parce qu’il n’y a pas de contrôle. On revient toujours à la  problématique de la conscience et de la culture de l’assurance, qui n’existe pas en Tunisie. Ceux qui ont des contrats assurance incendie sont rares, mais généralement, les usines et autres établissements industriels sont assurés.
Cependant, il ne suffit pas d’être assuré contre l’incendie pour que les dommages ‘‘incendie’’ causés par les mouvements populaires soient assurés. Les dommages ‘‘incendie’’ causés par des tiers et non accidentels peuvent être garantis par extension.
Pour ce qui est des magasins et des usines, l’extension ne peut pas être donnée systématiquement, car cela est cher. Nous conseillons souvent nos clients de prendre cette extension. Certains acceptent, d’autres pas. Car, ils pensent que ça n’arrive qu’aux autres.
Il reste deux autres garanties importantes et non obligatoires rarement acceptées. La première concerne les dommages provoqués par les foules populaires. Ceux-ci peuvent être uniquement des dommages de casse et non d’incendie. Ils peuvent être assurés, mais là il s’agit d’une autre garantie, qui n’est pas couverte par l’assurance ‘‘incendie’’.
La deuxième garantie concerne ‘‘la perte d’exploitation suite incendie’’ (incendie ou suite émeutes avec le manque à gagner suite à l’arrêt de l’activité à cause de l’incendie). Là, l’assurance couvre les frais généraux (salaire, loyer…), ainsi que le bénéfice non réalisé. Ce que j’appelle l’assurance vie de l’entreprise. Les clients qui l’ont acceptée sont aujourd’hui tout naturellement assurés.

Propos recueillis par Zohra Abid