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Chaque coup terroriste est un coup fatal que «les enfants de Rached Ghannouchi» portent à ce que les Tunisiens tentent de construire depuis le 14 janvier 2011.

Par Moncef Dhambri

Le terrorisme a encore frappé, cette semaine, mercredi soir, 16 juillet 2014. Il importerait peu de discuter de l'intensité de ce coup, du nombre de morts dans les rangs de nos soldats (15), du nombre de blessés (une vingtaine) ou des dégâts causés.

Par contre, il est plus important de constater que les terroristes trouvent toujours les ressources pour tuer et faire mal à une révolution qui commence à douter. Il est plus important de reconnaître qu'ils parviennent encore à semer la peur et le doute et qu'ils pourraient même nous dicter de revoir nos priorités et nos choix.

Les enfants de Rached Ghannouchi

Les terroristes ont frappé de manière presque rituelle: en un lieu – le Mont Chaâmbi – hautement symbolique du combat qu'ils cherchent à imposer à notre pays depuis le jour où la liberté a pris le pouvoir en Tunisie et en un jour et une heure du calendrier lunaire presque les mêmes qu'il y a un an.

Chaque coup terroriste – faible ou fort – est un coup fatal que «les enfants de Rached Ghannouchi» portent à ce que notre peuple tente, avec ses petits moyens et ses modestes idées, de construire depuis le 14 janvier 2011. Nous n'avons pas tout réussi dans ce que l'on a entrepris de faire depuis la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali – loin s'en faut. Nous avons même commis des erreurs irréparables. Nous avons voté le 23 octobre 2011 et accordé plus de 40% des sièges de la Constituante à Ennahdha. Nous avons souffert sous les gouvernements Troïka 1 et 2. Nous avons accepté les incompétences et les inepties de certains de nos constituants. Nous avons composé avec le triste sort qui a été réservé à notre pays d'avoir un Moncef Marzouki comme président provisoire.

Etant donné ces nombreux ratages, certains d'entre nos concitoyens en sont même arrivés à regretter qu'il y ait eu tout simplement une révolution et les Ben Ali-Trabelsi aient été forcés de fuir.

Bref, le bilan de la révolution du 14 janvier 2011 n'a pas été des plus brillants, mais il reste le nôtre, c'est-à-dire tunisien, original, avec ses petits défauts et ses grands mérites. Et, grâce à notre ingéniosité et notre tunisianité, notre projet demeure perfectible.

Faire face aux lubies malsaines du wahhabisme

Nous croyons encore en notre révolution. Nous y croyons parce que notre société civile a été capable de garder la charia à une saine distance de la gestion des affaires de notre pays, parce que des Tunisiennes et des Tunisiens sont descendus dans la rue et qu'ils ont réussi à faire front à la folle et rétrograde idée de la «complémentarité» homme-femme et à imposer plutôt le principe juste de l'égalité femme-homme (la très célèbre parité!). Contre vents et marées, et pendant un temps très long, nous avons rédigé une constitution qui n'est pas nécessairement la meilleure au monde, mais qui n'est pas la pire, non plus, et dont on est en droit de tirer fierté. Nous avons, également, fixé des dates pour la tenue d'élections générales libres et indépendantes.

Les choses ne se sont certes pas déroulées de la manière la plus souhaitable, mais nos projets, malgré leurs hésitations, leurs approximations, les contrariétés et les contretemps qu'ils ont rencontrés, ont tenu tête aux contre-révolutionnaires et tiendront la route pour quelque temps encore.

C'est bien à cette constance que les terroristes s'attaquent et qu'ils continueront de porter leurs coups. Ils ont compris que tout, dans notre révolution, se joue et se jouera sur le terrain des principes simples de la liberté, de la justice et de la dignité et de leur application réelle. Ils ont compris que nous faire dévier des nobles causes du modernisme et du progressisme ouvrirait toutes grandes les portes à leur Sixième Califat et autres lubies malsaines du wahhabisme.

La lutte, donc, oppose notre fidélité à la révolution du 14 janvier 2011 à la perfidie islamiste, salafiste, djihadiste, wahhabite, etc.

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