La décision de la fermeture provisoire des mosquées contrôlées par les extrémistes religieux n’est pas du goût d’Ennahdha. Mais pourquoi?
Le parti islamiste, qui compte beaucoup sur les mosquées pour mener sa campagne pour les prochaines élections, n’a pas apprécié la décision de la cellule de crise chargée de suivre la situation sécuritaire dans le pays, présidée par le chef du gouvernement provisoire Mehdi jomaâ, de fermer les mosquées contrôlés par les salafistes djihadistes et où les appels à la violence et l’apologie du djihad sont monnaie courante. Le député d’Ennahdha, Habib Khedher, neveu de Rached Ghannouchi, président du parti islamiste, a cru devoir, dans une lettre ouverte à Mehdi Jomaa publiée aujourd’hui sur sa page Facebook, rappeler au Premier ministre les limites de son pouvoir (sic !) et lui demander de revenir sur sa décision. Selon le député islamiste, l’article 6 de la constitution garantit le libre exercice des cultes. «La prière dans la mosquée est un devoir pour les musulmans», indique M. Khedher. Il enchaîne: «L’article 28 stipule que la sanction est personnelle et ne peut être collective. On ne peut sanctionner les innocents qui n’ont pas fêté l’assassinat, le 16 juillet, des 15 militaires à Henchir Ettalla», à Jebel Chaâmbi, gouvernorat de Kasserine (centre-ouest). Par allusion au prétexte invoqué pour la fermeture provisoire de ces mosquées où des salafistes ont fait le fête la nuit du massacre de nos soldats. Soit! Il n’en reste pas moins que le rôle d’un chef de gouvernement, fut-il provisoire, est aussi d’assurer la neutralité des mosquées et d’empêcher qu’elles deviennent des instruments de propagande religieuse et politique. C’est là aussi l’un des points de la feuille de route du dialogue national sur la base de laquelle le gouvernement Jomaa a été mis en place. M. Jomaa est donc bien dans son rôle, à moins que ces gens d’Ennahdha ne veuillent le voir jouer un rôle de «tartour», à l’instar de Moncef Marzouki, le président provisoire de la république, et de Mustapha Ben Jaâfar, le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), qui ne refusent jamais rien aux islamistes et les servent avec un zèle de larbin. Ennahdha attend-t-il de M. Jomaa qu’il servent seulement leurs intérêts en tenant la patate chaude et en servant de punching-ball d’ici les élections, en attendant que les islamistes viennent reprendre les commandes du pouvoir au début de l’année prochaine? Z. A. |
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