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Le journaliste Zied El-Heni a officiellement présenté sa candidature à la présidence, aujourd'hui, jeudi 24 juillet 2014. Son slogan «Tahya Tounes» (Vive la Tunisie).

Par Zohra Abid

Ce n'est pas une surprise, car l'information circule depuis un certain temps. Ce n'était donc pas une rumeur et encore moins une blague. C'est un projet tout à fait sérieux, bien pensé et bien pesé, et qui vient d'être annoncé officiellement aujourd'hui.

Pour un patriote, qui affectionne les symboles nationaux, la date n'est pas aléatoire. Elle a été choisie parce qu'elle survient la veille de la célébration du 57e anniversaire de la proclamation de la république. Un rendez-vous pris avec l'Histoire? On l'espère bien pour lui.

Porté par l'amour du drapeau

Dans une salle comble (les confrères et consoeurs ne pouvaient tout de même pas rater un tel événement !), Zied El-Heni (50 ans, marié et père de 3 filles), a présenté son programme présidentiel en 6 points. Mais avant, il a parlé des raisons qui l'ont poussé à se lancer dans la bataille. «Les leaders des partis sont en course pour le Palais de Carthage. C'est leur unique motivation. Quant au peuple, ils ne s'en soucient guère. Mais il faut bien quelqu'un pour se soucier de ce peuple, dont l'avenir menacé», dit-il.

«Je me présente aujourd'hui officiellement en tant que candidat indépendant. Je n'appartiens à aucun parti politique. Je n'ai, derrière moi, ni argentier intéressé, ni financement occulte. Une seule chose m'anime: la volonté de servir mon peuple et mon pays. Et j'ai, à mes côtés, des gens compétents qui n'ont d'amour que pour le drapeau», ajoute-t-il, visiblement ému.

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Zied El-Heni se félicite du soutien de Fayçal Tebbini.

«Celui qui m'a donné l'idée de me présenter, c'est Fayçal Tebbini, président du Parti de la Voix des agriculteurs (PVA). Je me suis dit, pourquoi pas. Je crois aux jeunes. Je crois à l'égalité des chances et à la distribution équitable des richesses. Je crois aux possibilité de développement de ce pays et à la nécessité de le réformer. Et puis, il est de mon droit de citoyen de me présenter», explique encore Zied El-Heni.

Tous contre le terrorisme

Pour le journaliste et militant de longue date pour la liberté de la presse, le pays est tout naturellement musulman et il n'y a aucune raison pour se perdre dans un débat sur l'identité, qui est le fond de commerce politique du parti islamiste Ennahdha. D'autant que, selon lui, la priorité et l'urgence, aujourd'hui, c'est la lutte contre le terrorisme. «Pas de pitié ou de clémence à l'égard de ceux qui portent les armes contre l'Etat et les citoyens. Si le doigt est pourri, il faut le couper pour sauver la main, le bras et tout le corps», insiste le candidat. Qui ne veut plus voir son pays en deuil et son drapeau en berne, parce que cela fait le bonheur des terroristes. «Hissons, ensemble et pour toujours, notre drapeau, symbole de la victoire, de l'identité et de la dignité nationale», souligne-t-il, un trémolo dans la voix.

Solennel, mais sincère, Zied El-Heni appelle à la constitution d'une coalition de quatre Etats voisins (l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte et le Tchad) pour collaborer dans la lutte contre les groupes islamistes armés en Afrique du Nord. Ces groupes sont rassemblés notamment à Derna, en Libye, mais ils ont essaimé dans toute la région.

Assainir les corps de sécurité

Au chapitre de la sécurité, Zied El-Héni a aussi des propositions, notamment la fusion entre la garde et l'armée nationales. «Ces deux corps doivent travailler en pool. Il faut également décentraliser les unités de la garde nationale, comme c'est le cas dans toutes les gendarmeries du monde. Les unités sur le terrain ne doivent plus rester les bras croisés en attendant que les instructions arrivent de Tunis alors qu'elles font face à de redoutables ennemis», explique Zied El-Heni, qui appelle, également, à assainir les deux institutions et à les débarraser des cadres nommés non pas pour leur compétence et/ou expérience, mais en raison de leur allégeance politique.

«Il n'y a plus de place en Tunisie pour un appareil sécuritaire parallèle qui loue ses services à un parti politique», insiste encore le candidat, qui salue au passage Sahbi Jouini, président de la commission juridique de l'Union nationale des syndicats des forces de sûreté (UNSFST), «qui vient d'être sanctionné pour avoir dit la vérité».

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Zied El-Heni est plébiscité par ses collègues journalistes.

La richesse est dans la terre

L'économie n'est peut-être pas la tasse de thé de Zied El-Heni, mais cela ne l'empêche pas d'avoir des idées et des options pour ce secteur. Pour lui, l'avenir de la Tunisie réside dans le retour à la terre et le développement de l'agriculture. Notre pays, qui était dans l'antiquité le grenier de Rome, doit être capable aujourd'hui d'assurer la sécurité alimentaire de ses 10 millions d'habitants. «Il faut développer les infrastructures agricoles. Et mener un combat féroce contre le marché parallèle et la corruption, qui gangrènent l'économie du pays. Et adopter les lois et les règlementations qui encouragent l'investissement et la création des richesses», précise le journaliste.

Zied El-Heni ne peut, bien sûr, omettre d'évoquer le combat de sa vie : la liberté d'expression et les droits des journalistes, qui sont des acquis à garder jalousement face aux tentatives des pouvoirs de toutes sortes (politique, religieux ou de l'argent) de les laminer.

L'enfant de Siliana (on ne le sait peut-être pas) a plusieurs cordes à son arc. Détenteurs de nombreux diplômes : en journalisme, physique (plusieurs spécialités après la maîtrise) et droit immobilier, il est ingénieur en équipement et a fait une formation en armement à l'Ecole militaire de Bouficha (Cap-Bon)...

Voilà pour le CV, mais pour l'essentiel, Zied El-Heni croit à sa bonne étoile et semble persuadé que sa candidature va être portée, en dehors des partis et à leur insu, par un grand nombre de Tunisiens de tous horizons. C'est tout le mal qu'on lui souhaite...

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