En voyage cette semaine aux Etats-Unis, Marzouki a pris la défense d'Ennahdha et des islamistes arabes. C'est la reconnaissance du ventre. Vidéo.
Par Moncef Dhambri
En marge de sa participation au 9e Forum Etats-Unis-Afrique, qui se tient en ce début de semaine à Washington, le président provisoire de la république Moncef Marzouki se donne le plus grand mal à expliquer l'absolue nécessité pour la Tunisie d'obtenir «tout de suite» les 12 hélicoptères américains Sikorsky Black Hawks et quelques autres équipements militaires.
Que «des promesses, plein de promesses»
«Dans trois ans (le délai moyen de livraison de ce matériel, ainsi que le prévoit ce type de transaction, NDLR), il sera trop tard», a-t-il insisté, lors d'une conférence-débat organisé par le think-tank Atlantic Council.
«Cet investissement est exorbitant, pour notre pays (...) Et même si nous sommes prêts à faire le sacrifice de payer ce prix élevé, il va nous falloir patienter deux ou trois ans avant que ces équipements ne nous soient livrés. Mais il se trouve que nous en avons un besoin très pressant. C'est aujourd'hui qu'il nous faut ce matériel», s'est-il plaint, devant un parterre de journalistes et d'experts invités par l'Atlantic Council.
M. Marzouki a exprimé sa déception que notre pays n'ait pas obtenu le soutien qu'il mérite de la part des Etats-Unis et de l'Europe: plusieurs conférences d'aide, a-t-il rappelé, ont été organisées et, lors de ces rencontres, la Tunisie n'a tout simplement obtenu que «des promesses, plein de promesses» qui tardent toujours à se concrétise.
Reprenant à son compte la formule qui a été le point d'orgue du séjour américain du chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomaâ, en avril dernier, le locataire du Palais de Carthage a ajouté que pour que la transition démocratique tunisienne réussisse, pour qu'elle soit réellement une «success story» du Printemps arabe, il faudrait que les pays frères et amis de la Tunisie se montrent plus généreux et continuent de faire confiance à notre révolution.
Tentant de trouver une explication à la timidité occidentale à s'engager plus franchement au côté de notre pays, le président provisoire n'a pas manqué, une fois de trop, de plaider la cause de «l'islamo-démocratie» et d'user de l'argument selon lequel le monde occidental devrait apprendre à faire la distinction entre l'islamisme modéré et l'islamisme extrémiste.
Attachement fusionnel à Ennahdha
Il faut donc comprendre que M. Marzouki continue de croire qu'Ennahdha n'y est pour rien dans la crise sécuritaire (et les autres désastres!) que la Tunisie traverse depuis trois ans et que son choix, celui de son Congrès pour la République (CpR), celui de Mustapha Ben Jaâfar et son Ettakatol de former une alliance avec les «islamistes modérés» nahdhaouis était la meilleure option pour notre transition démocratique. Pour lui et sa bande d'incompétents peut-être, pas pour les Tunisiens qui sauront le lui dire très bientôt en le renvoyant à ses chimères...
Marzouki ne se lasse pas de vendre ses amis et employeurs islamistes aux Américains.
Incorrigible et manquant de tact et de sens diplomatique, le président provisoire de la République a cru bon décocher, au passage, une flèche assassine aux autres révolutions arabes «qui se débattent dans des difficultés énormes», à savoir la Libye, la Syrie et l'Egypte «où la crise est chaque jour encore plus profonde», expliquant que ces échecs sont le résultat inévitable du refus catégorique qu'ont opposé le forces laïques, dans ces pays du Printemps arabe, de tendre la main (comme il l'a fait) à «l'islamisme modéré».
Cet entêtement, le rejet de ce qu'il appelle «la recette consensuelle», selon M. Marzouki, a produit, dans ces pays, «les résultats que l'on connaît et (...) ouvert la voie au retour de la dictature».
Nous pouvons imaginer à l'avance l'effet que cette dernière remarque va susciter dans les capitales arabes ainsi visées par notre président provisoire, et nous pouvons également parier que les réactions des dirigeants arabes ainsi provoqués ne tarderont pas. Une fois de plus, en récidiviste indomptable, Moncef Marzouki aurait peut-être pu se passer de ces écarts et garder pour lui-même l'attachement fusionnel qui le lie à Ennahdha.
Le bon sens sait que les djihadistes qui sèment la terreur dans les pays arabes (ceux du Printemps arabe et les autres) sont «les enfants» des islamo-démocrates. Les salafistes, wahhabites et autres extrémistes religieux ne souhaiteront jamais que la démocratie, la tolérance, l'ouverture et la modernité s'établissent définitivement dans le monde arabo-musulman.
De grâce, M. Marzouki, rangez vos théories de quat-sous dont personne ne veut plus entendre, préparez vos valises, partez et laissez le Palais de Carthage à un autre locataire. Plus digne de ce peuple, plus compétent.
Nous nous occuperons du reste.
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