Ce gouvernement est provisoire. Je commence ma note par le préciser car j’ai l’impression qu’on ne l’a pas assez dit ou entendu. Il s’agit d’une période de transition entre une dictature et une démocratie.
Si certains ne le savent toujours pas, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Cela ne se fait pas en claquant des doigts, et cela ne se fait pas éloignant tous les Ministres ayant servi sous l’ancien régime. Eh oui, c’est peut être décevant, mais éliminer tous ces ministres Rcdistes marque peut être l’abolition de la couleur mauve de notre quotidien mais nullement l’instauration d’une démocratie. Or, c’était quoi la révolution tunisienne? La révolution de la liberté (amis français vous m’excuserez, mais les jasmins c’est trop cliché).
Pas de droit à l’erreur
Après le sang versé des martyrs de la liberté, on n’a pas droit à l’erreur, on n’a pas le droit à la déception, on n’a pas le droit de gâcher leur sacrifice. Notre devoir est de réussir cette période de transition pour des élections libres et transparentes, le plus tôt possible.
Mais voilà que l’Ugtt, unique syndicat du pays (tiens, ça me rappelle l’unique parti du pays) tiennent à saboter ce gouvernement provisoire en appelant à la grève jusqu’à ce que tombe ce gouvernement provisoire. Les syndicalistes qui, 10 jours plus tôt, soutenaient Ben Ali, et dont le secrétaire général, Abdessalem Jrad, a été reçu par le dictateur deux jours avant sa chute, a déclaré: «J'ai trouvé auprès du président de la république une vision profonde des principaux problèmes et de leurs causes et une volonté de les résoudre », tentent de nous faire croire qu’ils sont en première ligne contre l’ex-pouvoir, en refusant les postes qu’on leur a attribués après les avoir acceptés lors des négociations. N’est-ce pas de la malhonnêteté? Aujourd’hui, l’Ugtt fait du Rcd, qu’elle soutenait y a pas si longtemps que ça, son combat ultime. Mais messieurs les syndicalistes, votre travail n’est pas d’empêcher un gouvernement de fonctionner et encore moins d’en faire partie! Votre devoir c’est d’être auprès des travailleurs à défendre leurs droits.
Complicité du syndicat avec l’ancien régime
A l’heure où on est, et au lieu d’appeler à une grève des professeurs pour empêcher les élèves de reprendre leurs cours et les étudiants leurs examens, de bloquer les bus les taxis et les usines, n’est-il pas mieux de négocier avec les patrons des garanties pour salaires de ceux qui ont perdu leurs emplois? N’est-il pas de votre devoir d’améliorer les conditions des travailleurs?
Les hôtels sont fermés, les investisseurs bloqués, l’économie paralysée, et les responsables de l’Ugtt pensent que s’ils crient fort leur refus du gouvernement, ils vont nous faire oublier leur complicité avec l’ancien régime.
Personnellement, j’ai toujours détesté le Rcd, mais j’ai aussi toujours aimé mon pays, et je refuse qu’on le mène vers le chaos sous prétexte que le gouvernement provisoire comporte des Rcditses. Mais entre nous, qui ne l’était pas? Ce parti était un Etat-parti qui contrôlait toutes les institutions du pays, on ne peut pas le supprimer du jour au lendemain, soyons réaliste!
L’attitude de l’Ugtt est irresponsable, ne la laissons pas traîner le pays dans le chaos. Restons lucides, ne tombons pas dans leur jeu! Nous voulons des élections le plus tôt possible, ne gâchons pas ce rendez-vous historique.
Sarah Ben Hamadi