Ghannouchi est un homme honnête et intègre qui a collaboré avec l’ancien régime sans se salir! Il faut bien que des cadres expérimentés – connaissant tous les rouages de l’exécutif – dirigent le pays durant cette période de transition de tous les dangers. A ne choisir que des novices, on va directement à la plus grande des catastrophes.
Une fenêtre étroite qui s’ouvre
Il faut sauvegarder tous les acquis de la Tunisie et ne corriger que les graves défaillances de l’ancien régime. Sans jeter le bébé avec l’eau du bain.
Je persiste à dire que la première priorité est le retour instantané au calme, accompagné d’une aide massive et immédiate de l’Europe et des nombreux pays qui tiennent à ce que la Tunisie réussisse. Il faut que le gouvernement s’attelle à cette tache et fasse intervenir tous les amis de notre pays pour réunir le maximum d’aide et d’argent nécessaires aux investissements indispensables.
Ces fonds existent en abondance: ils ne manquent pas! Il faut réussir à les lever avec une vision forte, très ambitieuse et agir très vite. Il faut viser très haut et plus haut encore. C’est le moment ou jamais.
C’est une fenêtre étroite qui s’ouvre à nous. Elle se fermera vite si on ne saisit pas cette occasion extraordinaire maintenant et tout de suite. Le véritable succès de la révolution tunisienne est à ce prix.
On ne peut surtout pas attendre qu’une nouvelle équipe vienne au pouvoir après les élections. Au contraire, cet objectif d’un Plan Marshall immense international pour le développement de la Tunisie doit devenir – avec la préparation d’élections libres – le slogan qui unit tous les Tunisiens.
Il est urgent d’agir et de faire simple. Un langage que tout le monde comprend. C’est autour de ces deux idées que se jouera l’avenir de la Tunisie dont l’image de marque se détériore à vitesse grand V auprès des touristes et des investisseurs. Il suffit de lire la presse anglo-saxonne et internationale pour s’en rendre compte.
Le mieux est l’ennemi du bien
Rassembler toutes les énergies et garder aux commandes quelques mois encore – avant de passer définitivement la main aux nouvelles générations – les technocrates patriotes et propres qui connaissent tous les rouages du gouvernement est une absolue nécessité pour préserver la stabilité du pays et garantir la sécurité à tous.
Il faut assurer la continuité dans la plus grande transparence. La démocratie se gagne tous les jours. Que tous ceux qui ont toutes les raisons du monde à ne pas être d’accord et exigent encore à ce jour un changement brutal, total et instantané se rappellent que le mieux est l’ennemi du bien.
Dans la vie, comme en politique, on est obligé de faire des compromis tout le temps. Et le pire est toujours à craindre car on n’est jamais sûr de rien.
* Fondateur et président directeur général du groupe Icp (Londres-Paris), qui publie, en anglais et en français, ‘‘New African’’, ‘‘African Business’’, ‘‘African Banker’’, ‘‘Middle East’’ et ‘African Women’’.