Le soutien de la France à la dictature de Ben Ali ne date pas de la nomination, il y a un peu plus d’un an, de Pierre Ménat à la tête de l’ambassade de France à Tunis. L’ancien président Jacques Chirac avait parlé du «miracle tunisien», lançant à la face des militants tunisiens des droits de l’homme sa phrase célèbre: «Le premier droit de l’homme c’est de manger».
Son successeur, Nicolas Sarkozy a continué à soutenir l’ancien président, allant jusqu’à déclarer que «la liberté avance en Tunisie», alors que des rapports émanant des diplomates français en poste à Tunis, notamment ceux envoyés au Quai d’Orsay par l’ancien ambassadeur Yves Aubin de la Messuzière (2002-2005), ont souvent souligné la dérive dictatoriale et mafieuse du régime de Ben Ali.
Ce dernier a déclaré récemment sur Europe 1 que «le quai d’Orsay était au courant» de la situation tunisienne. Evoquant les télégrammes adressés par les ambassadeurs américains en Tunisie, diffusés à travers Wikileaks, l’ancien diplomate a ajouté: «Nous décrivions la même chose. Nous avions la même analyse.» Est-ce que ses télégrammes remontaient jusqu’aux politiques? Réponse: «Ils ont tous les éléments. Après ce sont les politiques qui s’expriment.»
Lundi, le président Nicolas Sarkozy avait admis que la France avait «sous-estimé (les) aspirations du peuple tunisien à la liberté». Mais la France continue d’être sévèrement critiquée pour avoir tardé à soutenir les aspirations démocratiques du peuple tunisien. Ce n’est qu’après la chute de l'ex-président que Paris a explicitement appuyé le soulèvement populaire.
Trop peu, trop tard, trop mollement, et, surtout, sans conviction.
L’ambassadeur de France «victime» de la révolution tunisienne
L’ambassadeur de France en Tunisie, Pierre Ménat, va être remplacé par son collègue en poste à Bagdad, Boris Boillon. Un fusible a sauté, mais la position de la France face à la révolution tunisienne continue d’être critiquée.