Fajr-Libya-Banniere

Les derniers masques tombent en Libye et ce que certains appellent l'islam politique soft montre son vrai visage hideux, guerrier et sanguinaire.

Par Imed Bahri

L'épilogue de la chute de Tripoli aux mains des milices barbares de Fajr Libya balaye les dernières illusions sur un islam intégriste soluble dans la démocratie, que l'aile démocrate de l'administration américaine a cru pouvoir promouvoir dans nos pays.

Après avoir détruit et occupé l'aéroport de Tripoli, ces milices violentes et sanguinaires viennent d'envahir tous les ministères et les bâtiments publics, comme l'a annoncé Abdallah Al-Thani, Premier ministre sortant et chargé par le nouveau parlement élu de conduire les affaires.

Retour annoncé au Moyen-âge

Comble de l'ironie, ces milices occupent même l'ambassade américaine, évacuée quelques semaines auparavant, et font flotter leurs drapeaux sur ses bâtiments.

Encore une fois, les Américains et les Européens récoltent les fruits de ce qu'ils ont semé comme en Irak, en Syrie et auparavant en Afghanistan.

A peine connus les résultats des dernières élections législatives, qui ont permis aux Libyens de jeter les Frères musulmans et leurs alliés dans la poubelle de l'histoire, que le pays fût mis à feu et à sang et que les milices islamistes attaquèrent tous les symboles de l'Etat et de l'administration, semant la terreur parmi la population et attaquant les ambassades et représentations étrangères, faisant des centaines de morts et transformant la capitale en un champ de ruines.

Avion-detruit-aeroport-Tripoli

L'aéroport de Tripoli réduit en ruine, des avions brûlés et saccagés et les richesses du peuple libyen évaporées. 

Cela arrive au même moment où les autres barbares, ceux de l'État islamique (Daêch), replongent l'Irak et la Syrie dans le Moyen-âge, assassinant et décapitant leurs contradicteurs et réduisant à l'état d'esclavage des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, qu'ils vendent sur les places publiques comme au «bon vieux temps» des États esclavagistes. Parions que leurs «Frères» en Libye, à notre frontière sud, ne tarderont pas à faire de même en instaurant un État islamique, sachant qu'ils contrôlent déjà la capitale et les aéroports du pays.

Des puissances impuissantes... ou complices

Pendant ce temps, les Etats-Unis, l'Europe et notamment la France, le Royaume Uni et l'Italie ainsi que l'Otan, qui ont aidé à l'implantation de ces barbares en Libye, regardent sans rien faire, comme s'ils veulent pousser à leurs limites extrêmes le désordre, le chaos et la terreur exercés par les miliciens islamistes. Ces chères «puissances» ont même cru devoir dénoncer des raids aériens contre des cibles terroristes menés par des avions non identifiés (sic!) au prétexte d'être opposées à toute intervention extérieure dans les affaires libyennes.

Venant de ces pays membres de l'Alliance atlantique qui a carrément détruit ce pays, cela pue le cynisme à plein nez! Comptent-ils sur quelques «amis» et/ou «obligés» intégristes pour trouver une «issue politique» à la crise, leur garantir un accès aux ressources pétrolières et leur épargner les risques d'un engagement militaire auquel les poussent leurs lobbies énergétiques? Ces «puissances», devenues étrangement impuissantes, s'activent même en coulisses pour pousser les voisins de la Libye à s'enliser dans ce pays. Mais l'Algérie et l'Égypte, bien que menacées autant que la Tunisie par les hordes islamistes à leurs frontières, rechignent encore à faire le sale boulot au profit de ceux qui sont directement responsables du «chaos généralisé» en Libye, selon l'expression du président français, qui feint d'oublier que la France est le premier pays responsable devant Dieu et les hommes de la destruction de l'ex-Jamahiriya.

Ces «puissances» préfèrent se cacher derrière l'Union africaine, la Ligue arabe et l'Onu, non pas uniquement par souci de légalité, mais surtout pour ne pas devoir envoyer leurs propres enfants au casse-pipe. Comme au bon vieux temps des colonies, les «nègres» et les «bougnouls» feraient mieux le boulot à leur place, pensent-ils. N'est-ce pas ce qui se passe en Somalie, depuis plusieurs années, où ce sont les soldats envoyés par l'Union africaine qui continuent de tomber sous les balles des Shababs, les milices islamistes locales?

On peut parier que ces «impuissances» occidentales feront exactement la même chose en Libye en laissant ce pays sombrer dans la violence, tant que le pétrole continuera à couler à flot et à bas prix dans les pompes à essence de Londres, Paris ou Rome.

Protéger la maison Tunisie

S'il est vrai que «lorsque le feu se déclare chez le voisin, le premier réflexe est de protéger sa maison», comme l'a déclaré le chef du gouvernement provisoire tunisien, Mehdi Jomaa, il n'en est pas moins vrai que l'on ne peut protéger sa maison si l'on ne parvient pas à éteindre le feu chez le voisin. Aussi doit-on faire pression sur les pompiers pour qu'ils interviennent rapidement avant que le feu ne se propage et qu'il soit trop tard.

Et si les pompiers étaient plutôt des pyromanes, et qu'ils cherchent plutôt à vous jeter dans le feu? En termes clairs, le gouvernement Jomaa doit s'employer à empêcher Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahdha, de jouer à l'apprenti pompier, car jusqu'à là, partout où il est passé, le feu a été plutôt attisé. Bien qu'il soit le président d'un parti qui domine l'Assemblée nationale constituante (ANC), cela ne lui donne aucun droit à doubler le gouvernement et sa diplomatie qui a su, jusque-là, tenir le cap, malgré les coups bas qui lui sont sans cesse assénés par le président provisoire de la république, Moncef Marzouki, et ses compères islamistes.

Mehdi Jomaa doit aussi empêcher certains intermédiaires douteux («samsara»), hommes de médias et/ou hommes d'affaires, de fourrer leur nez dans des affaires tuniso-libyennes, animés par leurs seuls intérêts personnels, vilement mercantiles.

Rached-Ghannouchi-Abdelhakim-Belhaj

La diplomatie parallèle de Rached Ghannouchi (ici avec son "frère" Abdelhakim Belhaj) peut être dangereuse pour la Tunisie. 

Nous faisons ici allusion à certaines rumeurs relatives à la «livraison» imminente du terroriste présumé Ahmed Rouissi, responsable d'assassinats politiques en Tunisie, arrêté en Libye par des milices islamistes, qui voudraient l'utiliser comme monnaie de change. Contre quoi?

La souveraineté tunisienne n'est pas négociable et seul l'Etat tunisien est habilité à négocier avec des parties étrangères et à châtier les criminels coupables de meurtre.

Quant à la position tunisienne concernant le conflit libyen, elle ne doit obéir à aucune pression et/ou chantage. Notre pays doit être pour la légalité, et la légalité en Libye est incarnée par le nouveau parlement élu et toutes les institutions qui en seront issues.

C'est là une position basée sur un principe intangible de la diplomatie tunisienne, telle que définie par feu Habib Bourguiba, qui rejette toute ingérence dans les affaires intérieures d'un État étranger.

En Libye, les représentants de l'État sont ceux pour qui le peuple a voté. Il convient donc d'empêcher les apprentis sorciers de la diplomatie parallèle – les islamistes tunisiens amis de Abdelhakim Belhaj et consort – de jouer avec le feu, car ils finiront par se brûler, et nous brûler avec.

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