Pierre Ménat, l’ambassadeur de France en Tunisie, a été remplacé mercredi par Boris Boillon. M. Ménat, 60 ans, en poste depuis septembre 2009, qui n’a jamais rencontré un opposant du régime de Ben Ali, paye le prix de ses notes complètement à côté de la plaque.


Selon ‘‘Le Monde’’, M. Ménat pensait que le régime de Ben Ali tiendrait. Jusqu’au bout, il «a persisté dans son aveuglement sur la situation tunisienne». Dans un télégramme envoyé le 13 janvier au soir, quelques heures avant la chute du régime, le diplomate assure que l’ultime discours prononcé à la télévision par Ben Ali «peut lui permettre de reprendre la main».
M. Ménat recommande au Quai d’Orsay trois pistes. La première consiste à «entretenir avec les autorités tunisiennes un dialogue d’autant plus franc qu’il sera exempt de critiques publiques». «D’ailleurs, poursuit-il, le peuple tunisien, même lorsqu’il s’autorise de fortes attaques contre son pouvoir, se solidarise avec ce dernier contre des critiques extérieures…»
Le lendemain, 14 janvier, des milliers de personnes manifestaient sur l’avenue Habib-Bourguiba, à Tunis, pour réclamer le départ de M. Ben Ali, contraint dans la soirée à prendre la fuite. Les manifestants longeaient les grilles de l’ambassade de France, protégée par un impressionnant dispositif militaire et policier. M. Ménat, lui, n’avait rien vu.