A quelques semaines des élections, la famille destourienne risque de signer, à la fois, son grand retour et son... éclatement.
Par Imed Bahri
Le retour de Mondher Zenaidi en Tunisie et l'annonce de sa candidature à la présidentielle de novembre 2014 n'ont pas seulement perturbé la famille destourienne, ils ont aussi provoqué une onde de choc dans la scène politique.
L'ancien ministre du Commerce, du Tourisme et de la Santé, rentré à Tunis, dimanche 14 septembre 2014, après 3 ans et demi d'exil à Paris, n'a pas fait mystère de ses ambitions politiques. L'accueil populaire qui lui a été réservé – oeuvre de la vieille machine du RCD, l'ancien parti au pouvoir, toujours en place – va sans doute le conforter dans sa décision de se présenter à la prochaine présidentielle.
Reste que cette candidature risque de constituer un pavé dans la mare destourienne, qui compte déjà plus d'un candidat au Palais de Carthage: Kamel Morjane (Al-Moubadara), Abderrahim Zouari (Mouvement destourien) ou encore Béji Caïd Essebsi (Nida Tounes), pour ne citer que les plus en vue.
Une 4e candidature va sans doute dérouter les électeurs, éparpiller les voix et faire l'affaire du parti islamiste Ennahdha, qui pourra alors améliorer les chances de son prochain «tartour», non encore désigné.
Abderrahim Zouari, qui a senti le danger, a été le premier à réagir. Dans un post sur sa page Facebook, il a félicité son «ami et frère Mondher Zenaidi pour son retour dans notre patrie». Il l'a ensuite appelé à rejoindre le Mouvement destourien. «Votre place naturelle est parmi nous», lui a-t-il lancé, tout en signant «Candidat du Mouvement destourien à la présidentielle de 2014», comme pour lui rappeler qu'il reste, lui Abderrahim Zouari, «le» candidat officiel des Destouriens. Et demander à «l'invité surprise» de rentrer dans les rangs et d'éviter de jouer au diviseur. Tout en prenant la famille destourienne pour témoin.
Commentant le retour de Mondher Zenaidi dans l'émission ''Midi Show'' du lundi 15 septembre 2014, Khemaies Ksila, membre du bureau politique de Nida Tounes a cru devoir agiter le chiffron rouge. «Attention, c'est l'ancien président Ben Ali qui est en train d'activer ses réseaux en Tunisie en espérant faire échouer la révolution et faire revenir le pays en arrière», a-t-il dit. En d'autres termes, Mondher Zenaidi serait en mission commandée pour le compte de son ancien maître. Ambiance...
Autant dire donc qu'à quelques semaines des élections, le paysage politique tunisien est en train de subir des mutations profondes sous la pression des appétits, des ambitions et des intérêts. Et dans ce paysage, c'est la famille destourienne qui risque de signer, à la fois, son grand retour et son... éclatement.
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