Alors que la rumeur enfle sur son intention de se présenter à la présidentielle, Mehdi Jomaâ ne dément pas. Et si cela faisait partie de sa stratégie de conquête de Carthage?
Par Zohra Abid
Le quotidien ''Al-Chourouk'' a indiqué, dans son édition du mardi 16 septembre 2014, que le chef du gouvernement provisoire va s'adresser bientôt au peuple pour faire une importante annonce politique. L'information a été relayée par plusieurs médias : et si c'était pour annoncer son intention de se porter candidat à la présidence? Du côté du palais du gouvernement, c'est le silence radio. Si M. Jomaa ne dément pas, c'est peut-être parce qu'il préfère laisser la mayonnaise prendre...
Abdelaziz Kotti, membre du bureau exécutif de Nida Tounes, est persuadé, quant à lui, que Mehdi Jomâa va présenter prochainement sa démission de la présidence du gouvernement provisoire pour être remplacé par l'un de ses ministres qui assurera l'intérim jusqu'après les élections. Selon lui, c'est le parti islamiste Ennahdha qui s'est chargé de lui collecter les signatures dont il a besoin pour se présenter à la présidentielle. Ces allégations ont cependant été formellement démenties par Amer Larayedh, membre du Conseil de la Choura d'Ennahdha et sa tête de liste pour les législatives dans la circonscription de Médenine.
En fait, à Nida Tounes, on craint que le «scénario Jomaâ» soit une autre manoeuvre d'Ennahdha visant à réduire le score pouvant être recueilli par leur candidat, Béji Caïd Essebsi : les deux hommes ayant le même profil d'électeurs.
Interrogé à ce sujet par Kapitalis, Mofdi Mseddi, chargé de la communication de la présidence du gouvernement, a répondu qu'il n'est pas au courant de cette histoire de collectes de signatures. Il a ajouté qu'il s'occupe plutôt des activités du chef du gouvernement et non de la communication personnelle de M. Jomaâ. Ce qui n'est pas, à proprement parler, un démenti formel, la réponse laissant la porte ouverte à tous les possibles.
L'affaire, on l'imagine, fait des gorges chaudes dans la sphère politique, où l'hypothèse d'une candidature de Jomaa à la présidentielle est loin de faire l'unanimité. Au contraire : certains estiment que M. Jomaa a un engagement moral vis-à-vis du Dialogue national qui l'a nommé à son poste. Rompre cet engagement unilatéralement serait, de sa part, une grave erreur politique qui sera difficile à pardonner.
Mustapha Filali, ancien ministre sous Bourguiba, estime, de son côté, que «la place de Mehdi Jomaâ est à la Kasbah et non à Carthage, et c'est beaucoup mieux pour le pays ainsi».
Reste le silence de Mehdi Jomaa qui ne saurait être expliqué uniquement par ses grandes occupations à la tête du gouvernement.
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