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Mehdi Jomaa, chef du gouvernement provisoire, met fin aux rumeurs (ou fait marche-arrière): il n'est pas concerné par la course à la présidence.

Par Zohra Abid

S'adressant dans la soirée du mercredi 17 septembre 2014 au peuple tunisien, Mehdi Jomaa a tenu à rappeler, au cas où on l'aurait oublié, que sa mission, qui a démarré en janvier dernier, prendra fin après les élections législatives et présidentielle d'octobre et novembre 2014, comme cela est d'ailleurs stipulé dans la feuille de route du Dialogue national sur la base de laquelle il a été nommé à la tête du gouvernement.

M. Jomaa ne se présentera donc pas à l'élection présidentielle, intention que lui ont prêté, ces derniers jours, plusieurs médias, provoquant diverses réactions dans le milieu politique.

M. Jomaa a confirmé cependant avoir «reçu des appels, des soutiens et des marques de confiance de la part de nombreuses parties, à l'intérieur et à l'extérieur», pour se présenter à la présidence. Mais, tout en remerciant tout ce beau monde, il a ajouté qu'il a préféré respecter ses «engagements, moral et politique, envers les Tunisiens» et «veiller à l'accomplissement de la transition dans le pays.»      

«Parce que l'intérêt du pays doit prévaloir sur le intérêts personnels... Parce que la réussite du processus démocratique réside dans la consolidation des institutions afin qu'elles assurent la continuité de l'Etat... Et parce que la politique est fondé sur l'éthique des engagements, j'ai considéré que l'intérêt de la Tunisie m'impose de ne pas présenter ma candidature à la présidentielle», a souligné M. Jomaa, confirmant ainsi qu'il avait bien eu l'intention d'y aller ou qu'il y a, en tout cas, pensé un moment, avant de faire marche-arrière et de se résigner à abandonner le projet. 

Mehdi Jomaa a voulu ainsi mettre fin à une polémique qui a écorné son image auprès des Tunisiens, dont beaucoup se sont dit choqués par la soudaine soif de pouvoir d'un homme qui, il y a un an et demi, était complètement inconnu de ses compatriotes et que la providence et l'incompétence crasse d'Ennahdha et de sa «troïka» ont propulsé sur les devants de la scène nationale.

Les mauvaises langues – car il y en a toujours – prétendent que Mehdi Jomaa avait l'intention de s'engager dans la course au Palais de Carthage, mais qu'il a dû faire marche-arrière après avoir constaté les réactions négatives de la classe politique et même d'un grand nombre de citoyens, qui se sont déchaînés sur lui dans les réseaux sociaux.

Dans son discours, Mehdi Jomaâ a parlé des mesures prises par son gouvernement pour renforcer la sécurité dans le pays et mettre en place les conditions nécessaires pour la tenue d'élections transparentes. Une manière de dire aussi qu'il a fort à faire dans les semaines à venir pour respecter les engagements qu'il a pris vis-à-vis des Tunisiens.

De toute façon, ce ne serait que partie remise : l'homme, qui semble avoir pris goût au pouvoir et se meut désormais dans les rouages de l'Etat comme un poisson dans l'eau, semble avoir pris, avec ce discours, un rendez-vous avec les Tunisiens. A seulement 52 ans, il pourra sérieusement briguer la magistrature suprême... en 2019. Il pourra alors se prévaloir de la réussite de la transition démocratique et de la relance de l'économie pour solliciter le suffrage de ses comptariotes.  

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