Hamadi Jebali-Banniere

Hamadi Jebali annonce sa décision de ne pas se présenter à la présidentielle, se démarque d'Ennahdha et prend rendez-vous avec les Tunisiens.

Par Imed Bahri

Dans un long communiqué diffusé par ses propres soins et sans aucune référence à son parti, Ennahdha, dont il est officiellement toujours membre, Hamadi Jebali a indiqué que son choix et son soutien pour les prochaines élections «dépasseront toutes considérations partisanes ou régionales, et se tourneront vers la personne incarnant les principes et valeurs suivantes: rupture avec l'ancien système, réconciliation entre tous les Tunisiens et engagement vers l'avenir.»

M. Jebali se donne donc la liberté de soutenir le candidat de son choix et non celui qui sera désigné par Ennahdha.

L'homme, qui a été bouleversé par l'assassinat de Chokri Belaid, alors qu'il était encore chef du gouvernement provisoire, ce qui l'a amené à prendre ses distances vis-à-vis d'Ennahdha, à proposer la constitution d'un gouvernement de technocrates, puis à démissionner de la présidence du gouvernement, est conscient de la nécessité de dépasser les clivages idéologiques et identitaires. «La Constitution sera notre remède contre toute tentative de division entre Tunisiennes et Tunisiens sur les questions de l'identité et de la religion», souligne-t-il.

Se disant «conscient que tout clivage concernant l'identité, la religion et l'appartenance régionale représente un danger dans cette phase actuelle de Transition», Hamadi Jebali forme l'espoir «que le temps passant, nous n'aurions à traiter que des conflits de nature exclusivement politique qui ne s'adossent pas à des référentiels idéologiques néfastes convoquant régression démocratique, violence, guerre civile et ingérence étrangère.»

Hamadi Jebali, qui a démissionné du sécrétariat général d'Ennahdha, cherche aujourd'hui à transcender les lignes de fractures idéologiques et politiques et à se présenter comme un rassembleur, soucieux d'«empêcher le retour du despotisme et engager la Tunisie sur le chemin de la démocratie politique et sociale.»

Même si elle n'est pas encore officiellement consommée, sa rupture avec le parti islamiste et, surtout, avec son président, Rached Ghannouchi, semble irréversible, d'autant que Hamadi Jebali a refusé le dernier cadeau empoissonné du Gourou de Montplaisir : être chef de liste d'Ennahdha pour les législatives dans la circonscriptionde Sousse.

Reste à s'interroger sur la forme que cette rupture annoncée prendra : la constitution d'un courant réformiste fort au sein d'Ennahdha, après l'échec annoncé du parti islamiste dans les prochaines législatives, ou la constitution d'un nouveau parti sans référentiel islamiste.

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