Ameur LarayedhAmeur Larayedh considère qu’Ennahdha est victime d’attaques et que toute partie qui dénigre ce parti et critique son programme «cherche la guerre civile» (sic !). Qui menace-t-il?

Invité mercredi 24 septembre 2014 par Shems FM pour parler du programme électoral de son parti, la tête de liste d’Ennahdha dans la circonscription de Médenine pour les législatives du 26 octobre 2014 a déclaré que celui qui «critique, s’attaque et dénigre aujourd’hui le mouvement (islamiste, NDLR) a un projet de guerre civile». Il a ajouté, que la plupart des autres partis «n’ont qu’un seul programme, celui de s’opposer à Ennahdha, comme ils l’ont toujours fait.»

«Celui qui s’en prend à Ennahdha ne va certainement pas résoudre les problèmes du pays, ni celui du chômage, ni celui du terrorisme», a dit M. Larayedh.

«Nous sommes différents des autres qui appellent encore aujourd’hui au sang», a-t-il ajouté, sans nommer, bien sûr, ces «autres».

Rappelons que, lors du sit-in du Bardo organisé par l’opposition démocratique en août 2013, Sahbi Âtig, le président du bloc parlementaire du parti islamiste, avait menacé les Tunisiens qui mettent en question la légitimité du gouvernement conduit par Ennahdha, d’être «piétinés» et «lynchés en pleine rue». Plus grave que ces paroles, celui qui les a proférées, lors d’un meeting à l’avenue Habib Bourguiba à Tunis, n’a pas été entendu par la justice pour cet appel à la violence.

Le député islamiste Habib Ellouze, avait, pour sa part, lors d’un meeting à la Kasbah en 2012, appelé les partisans d’Ennahdha, ses alliés et ceux des Ligues de protection de révolution (LPR) à «taper sur les médias», qu’il considère hostiles à son parti. Ce qui équivaut, on le sait, à un appel au meurtre. Lui non plus n’a pas été entendu par la justice.

Larbi Guesmi, membre du Conseil de la Choura d’Ennahdha, a, quant à lui, carrément appelé à recourir à la violence contre les opposants à Ennahdha, dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux en 2012. La justice, dont on apprécie l’indépendance, n’a pas jugé nécessaire de l’auditionner, ne fut-ce que pour la forme.

Tout cela est peu rassurant et trahit la véritable vocation non-démocratique et violente d’Ennahdha, même si ses loups, à l’approche des élections, se déguisent aujourd’hui en agneaux. Il suffit, cependant, de les pousser jusqu’à leurs derniers retranchements en leur posant de bonnes questions pour qu’ils laissent tomber le masque et montrent leurs canines.

Z. A.

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