Le programme électoral du Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, Ettakatol) laisse une désagréable impression de déjà vu et déjà entendu. Miroir aux alouettes et piège à cons.
Par Zohra Abid
Le parti de Mustapha Ben Jaâfar, allié du parti islamiste Ennahdha au sein de la «troïka», la coalition gouvernementale ayant gouverné le pays de décembre 2011 à janvier 2014, croit pouvoir encore promettre aux Tunisiens monts et merveilles, alors que sous sa conduite le pays a été mené au bord de la banqueroute.
Les Tunisiens sont certes, parfois, des amnésiques, mais il ne faut tout de même pas exagérer...
En présentant un programme* ô combien ambitieux, dont les promesses sont carrément irréalisables, les camarades de M. Ben Jaâfar, président d'une Assemblée nationale constituante (ANC), qui a fait dégoûter les Tunisiens de la politique en général et des élections en particuler, croient pouvoir encore tromper leur monde.
Que propose donc Ettakatol ? Des banalités: un Etat de droit fondé sur la confiance qui luttera contre le terrorisme, préservera les libertés, la démocratie et l'égalité des chances entre tous les citoyens. Autant dire des acquis que les Tunisiens ont déjà arrachés sans l'aide de personne. Mais encore? Des mesures exceptionnelles dans le domaine économique pour impulser le développement, notamment dans les régions intérieures. Et on est prié de croire que ces gens, qui ont déjà démontré l'étendue de leur incompétence crasse, sont capables, aujourd'hui, de réaliser des miracles! Et ils poussent l'effronterie juqu'à quémander encore nos votes.
Ettakatol, dont le slogan de campagne est «Pour tous les Tunisiens et non pour certains», promet un taux de croissance de 8% d'ici 2019, soit un point de plus que celui promis par son allié Ennahdha, qui s'est engagé, lui, sur un 7% que tous les experts qualifieront d'irréalisable.
Ne perdant rien à promettre – les promesses n'engageant que les nigauds qui y croient –, Ettakatol, comme Ennahdha, promet lui aussi de réduire le taux de chômage de 15,5% à 9,5% (et tout ça en 5 ans) et de créer un fonds pour les risques de perte d'emploi. Comment va-t-il financer tout ça? Mystère et boule de gomme.
Le parti de Mustapha Ben Jaâfar, qui regorge d'affairistes et de bourgeois, aime afficher des élans socialisants. Et c'est très touchant... Jugeons-en : Ettakatol promet d'augmenter la couverture sociale de 86% à 95% et de doubler le Smig, qui passerait de 270 à 450 dinars par mois avec une moyenne de 40H00 de travail par semaine.
On baisse le temps de travail et on augmente les salaires en espérant impulser la croissance? On connait les dégâts que de pareilles décisions populistes ont provoqué en France et on s'étonne qu'il y ait encore des gens sensés pour essayer de les fourguer!
Qui Mustapha Ben Jaâfar croit-il pouvoir encore tromper?
Puisqu'on est au chapitre des promesses, qui ne seront, bien sûr, jamais tenues, le parti de M. Ben Jaâfar pousse le cynisme jusqu'à promettre de construire 30.000 logements sociaux, sans préciser les moyens de financer ce programme.
Et puisqu'on parle de cynisme : la question de la toxicomanie a subitement surgi dans le programme électoral d'Ettakatol, qui promet une révision des lois relatives à la consommation des stupéfiants pour durcir les peines pour les trafiquants et dépénaliser la consommation, mais aussi créer de nouveaux centres de désintoxication.
C'est là, on l'a compris, un appel du pied en direction des jeunes qui sont libres, bien sûr, de se faire prendre au piège comme des idiots.
On y reviendra...
* Ce programme en 50 points et 30 pages a été présenté au cours d'une conférence de presse du parti, le vendredi 26 septembre 2014, à Tunis. Il peut être consulté sur le site web d'Ettakatol.
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